Aujourd’hui je ne vais pas vous parler d’une maison en particulier. Ni même vraiment de rhum. Je vais plutôt m’intéresser à l’influence et la place des réseaux sociaux dans le monde du rhum.
Qui de nos jours ne connait pas Facebook ? Même ma mère a un compte !! Bon d’accord c’est moi qui lui ai fait et elle ne s’en sert absolument jamais. Mais quand même.
A l’origine ce réseau social avait pour vocation de garder le contact avec des proches ou de retrouver des connaissances. Mais rapidement cet outil a su évoluer. Des « groupes » rassemblant des personnes ayant des passions communes se sont créés. Des « pages » a visées commerciales ont également fait leur apparition. Et bien entendu le rhum n’a pas échappé à cette nouvelle tendance.
Depuis quelques années maintenant de nombreuses maisons ont leurs propres pages et nous avons assisté à l’explosion du nombre de groupes consacrés à notre spiritueux préféré. Nous discuterons donc de l’importance de Facebook pour les marques, mais je m’interroge aussi sur cette offre pléthorique de groupes dédiés au rhum.
A mon arrivée dans ce microcosme il y’a quelques années, il n’y avait pas vraiment de choix. Pour ne parler que de la France, il n’y avait qu’un groupe principal concentrant de vrais passionnés où les débats et questions « pointues » faisaient loi. Mais rapidement de plus en plus de monde a rejoint ce groupe, puis d’autres se sont créés multipliant ainsi le nombre de posts au détriment, selon moi, de la qualité de ces derniers.
D’un petit monde de passionnés aux connaissances souvent poussées (salut l’érudit) et aux questions précises et techniques, nous sommes arrivés à un joyeux bordel ou chacun y va de son post frôlant parfois l’indigence. Alors attention. Loin de moi l’idée de critiquer qui ce soit. Personne ne peut avoir les mêmes attentes d’un groupe, ni même le même intérêt sur les produits. Mais dans un groupe de véritables passionnés, voir à longueur de temps des pubs de supermarchés, des arrangés tomate mozza ou des cocktails à la ciboulette peut devenir pénible. Comment ? J’exagère ? Non, pas tant que ça. Même si il est vrai que je prends ici les pires exemples. Qui plus est, force est de constater que la multiplication des groupes entraine une redondance des posts sur nos « murs Facebook »
Alors je m’interroge.
La multitude de groupes est-elle une bonne chose ou au contraire frôle t’on l’indigestion ?
Le fait de ne pas réserver ces groupes à de vrais passionnés est-il un bien ou un mal ?
Existe-t-il une forme de concurrence entre ces groupes ?
Facebook est-il un outil de développement économique et professionnel ?
Pour tenter d’obtenir des éléments de réponses je me suis donc rapproché de deux habitations bien connues mais également de personnalités du monde du rhum.
Indéniablement parmi les champions de la com sur internet se trouvent La Favorite et HSE. Ce qui est par ailleurs intéressant car ces deux maisons n’ont absolument pas le même profil. Je ne parle pas là de profil aromatique, et je ne compare en aucun cas la qualité de leurs produits. Mais nous avons d’un côté une « petite entreprise » à caractère familiale et de l’autre un des géants de Martinique. Mais tous deux ont bien compris qu’être présent sur les réseaux sociaux et interagir avec les amateurs était primordial. Demandons donc à leurs sympathiques représentants leurs avis sur les réseaux sociaux et la place qu’ils prennent dans leurs stratégies de communication ou leurs échanges personnels.
OD : Bonjour Emmanuelle, Bonjour Cyrille. Même si tout le monde ici doit vous connaitre, pourriez-vous vous présenter et rappeler vos fonctions respectives?
EP : Bonjour Od, bonjour Cyrille, Je travaille depuis 2013 à la Distillerie La Favorite, où je suis en charge du Marketing et de l’Export et du Développement Touristique. Cela englobe à la fois la création de produit, leur stratégie de distribution, la communication globale de l’entreprise, ainsi que la mise en valeur du site.
CL : Salut Mister OD. Je suis Cyrille Lawson, à HSE depuis plus de 20 ans !!! J’ai un profil très « production » à la base (études et travail précédent). Je suis arrivé à HSE en 1997 peu de temps après le rachat de cette belle maison par José Hayot. Le hasard ou la destinée nous a réuni depuis cette date-là, et j’ai eu la chance d’œuvrer pour cette production qui m’a immédiatement passionnée : les rhums AOC Martinique. J’ai l’honneur et la chance d’avoir dès le départ travaillé très étroitement avec la production ainsi qu’au développement (stratégie, partenariats, produits, marketing …. ) pendant toutes ces années ce qui me permet de mesurer l’évolution importante de notre métier.
OD : J’ai choisi de parler aujourd’hui des réseaux sociaux, et principalement de Facebook. La favorite et HSE y sont très présents .Comment est née l’envie de communiquer sur ce support et depuis combien de temps y êtes-vous?
EP : A mon arrivée en 2013, la page officielle de La Favorite existait déjà, mais il y avait tout à faire. Dans la continuité de notre travail sur le Marketing, notamment l’extension de la gamme, il fallait faire vivre, faire connaître notre entreprise familiale. Les Réseaux sociaux sont un merveilleux outil, qui ne mobilise pas de gros budget. Il nous permet de vous faire découvrir les étapes de fabrication du rhum, les coulisses de la production qui amène notre rhum dans votre verre. Mais également de sentir les tendances de consommation, et pourquoi pas adapter notre offre à la demande.
CL : Les réseaux sociaux sont, pour les entreprises de petites tailles un moyen de communication efficace et au-delà de ce point, un portail d’échanges avec les consommateurs ainsi qu’une vigie du marché. Les grands groupes ont les moyens de communiquer via des campagnes de grandes envergures (affichage 4×3 / 3×2 / abris bus, métro, magasine grand public) et ainsi de « toucher » un nombre important de personnes. Evidement nombres de petits opérateurs n’ont pas ces possibilités financières et étaient « condamnés » jusque-là au « bouche à oreille ». Les réseaux sociaux ont donc permis à de petits producteurs d‘exister en termes de communication, de cibler les consommateurs usuels et de faire connaitre leur univers de marque et leurs singularités.