Alfonso Maya place Grenade sur la carte mondiale des cocktails

En Espagne, il y n’a pas beaucoup coctelerias (ndrl : bars à cocktail) qui aient réussi à surpasser la crise qui secoue le pays depuis une dizaine d’année, tout en s’adaptant au renouveau de la scène cocktail mondiale. L’Alexander Cocktail Bar de Grenade fait partie de ceux-là. C’est Alfonso Maya, ancien étudiant en médecine rattrapé par la tradition familiale, qui en est le grand ordonnateur. Son dévouement, quasi scientifique, à l’art du cocktail et sa passion pour les spiritueux lui ont permi de hisser son petit bar local jusque dans le gratin global. Et Alfonso est amoureux des rhums … Interview.

A mes yeux, le rhum est un alcool bien plus complet et sophistiqué que le gin.

Alfonso Maya

Alfonso, comment présenterais-tu l’Alexander Cocktail Bar?

Mon nom est Alfonso Maya et je suis l’homme orchestre d’un lieu très personnel rappellant les vieux clubs anglais mais avec la touche exotique que donne un intérieur décoré  de fleurs et de bouquets d’herbes autochtones, nous transportant au … jardin d’Eden (ndlr : rien que ça!). C’est un endroit idéal pour siroter un cocktail, un bar où on soigne avec tendresse chaque détail.

Tu as reçu la culture bar en héritage. Tu vis jour après jour entouré d’elixirs et de distillats,  parle nous de ton amour pour le Bar.

C’est vrai que j’ai repris le leg de mon père et de mon oncle qui furent des défenseurs du Cocktail avec un C majuscule pendant les heures sombre de la cocktailerie espagnole et qui ont été pendant toutes ces années des bastions imprenables et surtout des sources d’inspiration permanentes. Notre engagement éthique face à cet héritage est total.

Tu as récemment été élu dans le Top 100 des bars mondiaux (ndlr : par le 50 World Best Bars de Drinks International). Tu prends ça plus comme une récompense  ou plus comme une pression supplémentaire, celle de rester dans ce classement année après année ?

On s’est rendu à la cérémonie de remise des prix qui est organisée autour d’un compte à rebours du 100ème au premier. Ca a été une expérience incroyable qu’on aimerait bien revivre en effet. Mais tout ça dépend d’un jury international et des stratégies locales des membres espagnols du jury.  Le pêché capital de nous autres, Espagnols, c’est la guerre fratricide. Si nous n’apprécions pas, si nous ne nous réjouissons pas du bon travail de nos compañeros, de nos voisins, même les plus proches, nous arriverons difficilement à réaliser de grandes choses au niveau international. Ce que je te dis est encore plus vrai pour nous qui sommes dans une petite ville du sud de l’Espagne.

Ceci étant dit, nous continuons à travailler dur sans jamais perdre de vue ce qui est importantissime pour nous : la satisfaction intégrale du client, le détachement personnel lors du service en salle et la grande responsabilité de faire perdurer dans le temps l’héritage du Alexander Cocktail Bar sans jamais dévier de sa ligne qui tient depuis près de quarante ans, malgré les modes.

Penses-tu que l’heure du rhum a sonné ? Que conseillerais-tu aux marques de rhum et aux media spécialisés de faire, pour lui donner un niveau de reconnaissance tel que celui du gin en Espagne ?

A mes yeux, le rhum est un alcool bien plus complet et sophistiqué que le gin.

Il est beaucoup, beaucoup plus polyvalent et peut s’exprimer sur un registre de styles bien plus varié.  Son terain de jeu en cocktail est immense et imbattables sont les rôles qu’il y a rempli dans le passé (les punchs, le tiki, le style tropical …), ceux qu’il y remplit aujourd’hui et celui qu’il y tiendra dans le futur.

Le consommateur doit se départir de ses préjugés et goûter le rhum de mille et une manières, essayer toutes les variétés, goûter les productions de toutes ses régions d’origine, explorer tous les styles qui existent. C’est important que derrière le comptoir il y ait quelqu’un qui ait conscience de ce qu’a signifié, de ce que signifie et de ce que signifiera ‘Ron, Rum ou Rhum’ dans l’univers du bar. Certains rhums sont comme des parfums artisanaux et un néophyte ne saura en vendre la complexité s’il n’a pas le respect des nobles arts que sont  la distillation et le vieillissement.

Pour finir quel est le cocktail que tu souhaites partager avec nos lecteurs ?

C’est un cocktail à base de rhum mais (nldr : Andalousie quand tu nous tient) qui m’a été inspiré par José Ferrer, Ambassadeur mondial du Conseil régulateur des vins de Jérez à qui je rend hommage ici.

La Ladera del Puerto

Ingrédients

– 6 cl Ron El Dorado 3 ans infusé de Cacao Tostado de la Destilería Picó (Puerto de Santamaría, Cádiz)

– 2 cl Crème de Coco Alexander (Homemade)

– 1,5 cl  La Bota de Palo Cortado Equipo Navazos

– Un Splash de Sel liquide de Truffe

– Un trait de jus de citron

– Rapper sur le cocktail  fève de tonka  et noix de muscade.

Mode d’élaboration : verre à mélange

Verre : Coupette

Décoration : fleurs piquées dans du Bambou japonais