Rumporter : L’année dernière vous fêtiez vos 35 ans de carrière chez Appleton Estate, et cette année vos 20 ans en tant que Master Blender. Vous êtes la première femme Master Blender dans l’industrie du rhum. Cela n’apporte-t-il pas également une vision différente et un aspect plus délicat aux rhums d’Appleton ?
Joy Spence : On dit que les femmes ont les sens plus développés et environ 70 % du travail de Master Blender correspond à de l’analyse sensorielle – ce que beaucoup de gens ne comprennent pas c’est que les blenders utilisent leurs sens et qu’ils évaluent un produit avec leur odorat, plus qu’avec leur sens du goût car grâce à l’odorat, on peut détecter bien plus d’arômes qu’en le dégustant.
R : Chimiste de formation, vous auriez pu faire carrière dans le secteur médical, dans l’agronomie, dans l’industrie du parfum ou même en tant que professeur à l’université mais au lieu de cela vous avez choisi de travailler dans la R&D pour J. Wray & Nephew. Etait-ce le fait du hasard ou le résultat d’un réel désir ?
JS : Après avoir obtenu mon diplôme, je suis retournée à l’université en tant que maître de conférences mais après quelques années j’ai voulu élargir mes horizons. J’ai donc cherché des entreprises où je pourrais mettre en application mes diplômes et j’ai débuté dans le secteur privé en travaillant dans la recherche et le développement. J. Wray & Nephew Limited/Appleton Estate était pour moi une entreprise avec un bel avenir et lorsque l’occasion s’est présentée, j’ai rejoint l’entreprise. J’ai alors travaillé avec le Master Blender de l’époque, Owen Tulloch, et je me suis passionnée pour l’art de l’analyse sensorielle et la création de rhums. Dans le secteur du rhum, le Master Blender a plusieurs membres d’équipe avec lui, des chimistes qualifiés, qui l’aident dans le processus. J’ai eu l’immense chance qu’il me prenne sous son aile et m’apprenne tout ce qu’il savait. Sous sa direction et ses conseils j’ai eu la possibilité d’étendre mes connaissances dans le processus de fabrication du rhum ainsi que mes compétences artistiques. C’est en travaillant avec Owen que nous avons découvert mes très bonnes capacités sensorielles et mon don pour le mélange. Lorsqu’il est parti à la retraite, j’ai eu l’honneur d’être nommée Master Blender.