Après l’acquisition de Saint-Lucia Distiller en 2016, le groupe d’origine martiniquaise Bernard Hayot (GBH), a jeté son dévolu sur l’Ile Maurice où il a racheté les marques Arcane et Beach House. Diversification de son offre de rhums (désormais réunis dans l’entité Spiribam), prémiumisation, Grégoire Guéden, le directeur général de Spiribam nous en dit plus sur sa stratégie à long terme et nous livre son sentiment sur l’évolution du marché du rhum.
Fabien Humbert : Pouvez-vous faire le point sur les différentes marques de rhum que GBH détient à ce jour ?
Grégoire Gueden : Tout d’abord, le Groupe Bernard Hayot (GBH) a récemment réorganisé ses activités dans les spiritueux au sein d’une nouvelle entité dédiée à ce métier et baptisée SPIRIBAM « Fine Rum Specialists ».
Cette branche d’activités regroupe des entreprises historiques comme RHUM CLEMENT qui est dans le périmètre du groupe familial depuis 1986, la distillerie JM acquise en 2001 et des entreprises qui nous ont rejoint plus récemment à l’image de SAINT LUCIA DISTILLERS Ltd (depuis mars 2016) avec les marques internationales BOUNTY, CHAIRMAN’S RESERVE et ADMIRAL RODNEY.
Le portefeuille de marques de rhum a été très récemment enrichi de deux nouvelles signatures portant l’origine Ile Maurice avec les marques ARCANE et BEACH HOUSE (dans la catégorie boissons spiritueuses).
FH : Pouvez-vous nous parler de vos dernières acquisitions à l’île Maurice ?
GG : La catégorie rhum est riche de multiples origines et des différentes typicités qu’elle présente. Même si elle manque encore d’une réelle structuration de l’offre, elle offre un formidable potentiel pour les consommateurs en quête de nouvelles expériences gustatives.
Le rhum est une invitation au voyage que l’on peut aborder selon différents critères : l’origine géographique (zone ou pays), la typicité (sec, épicé, gourmand…), l’usage (pur, cocktails, arrangés, digestif…).
En se fondant sur le critère de l’origine géographique, nous avions identifié l’Ile Maurice comme une origine porteuse d’un grand potentiel. En effet, c’est une île magnifique qui puise sa légitimité dans le rhum au travers de son lien historique à la canne à sucre. Historiquement gros producteur de sucre de canne, l’Ile Maurice a récemment pris le virage du rhum suite à la restructuration des accords internationaux sur les quotas sucriers.
Cette culture agricole d’excellence s’est donc mise au service de la production de rhum (agricole et de mélasse) avec un résultat qui est à la hauteur des plus grandes espérances. L’ile jouit d’une exceptionnelle image de marque au niveau internationale et la présence de touristes en nombre offre aussi une magnifique vitrine sur le monde.
La société ODEVIE qui avait créé les marques ARCANE et BEACH HOUSE en collaboration avec les distilleries mauriciennes Saint Aubin et Grays, cherchait un partenaire stratégique pour offrir à ces deux marques le soutien qui leur permettrait de passer à la vitesse supérieure, notamment au plan international. Nous avons finalement opté pour en faire l’acquisition complète afin de leur faire bénéficier pleinement des structures de SPIRIBAM à l’identique de nos autres marques.
FH : La diversification des sources de rhum semble être votre stratégie, pouvez-vous nous l’expliquer ?
GG : Le rhum offre une formidable diversité principalement liée à la pluralité de la matièrepremière utilisée (mélasse ou jus de canne), au terroir, au mode de distillation (colonne, alambique ou les deux !), au mode de vieillissement (choix des fûts, assemblage), à l’usage…
Notre objectif est d’offrir à nos réseaux de distribution ainsi qu’à nos consommateurs une palette de produits et d’origines qui réponde à chaque besoin des marchés et aux différents instants de consommations. Un rhum léger blanc Bounty de Saint Lucie ne vient pas concurrencer un rhum agricole vieux XO JM pas plus qu’un spiced Beach House élaboré à partir de rhum de l’Ile Maurice.
C’est une force de pouvoir répondre à chacun de ces besoins et cela donne d’autant plus de sens à la signature de SPIRIBAM : « Fine Rum Specialists »…Rum avec ou sans « H » d’ailleurs.