L’augmentation de la taxe sur les rhums est entrée en vigueur dans les DOM

La surtaxe reste minime mais elle va augmenter jusqu’en 2025. Quel en sera l’impact économique sur les distilleries… et sur l’alcoolisme !?

Photo d’illustration- 123 RF

En octobre 2018, la filière rhum était sous le choc. Le gouvernement venait de faire passer un texte qui prévoyait d’augmenter progressivement les prix du rhum dans les DOM pour leur faire atteindre le niveau de métropole. L’arme du gouvernement ? La vignette Sécurité Sociale. Son mobile ? Lutter contre l’alcoolisme. Les victimes toutes désignées ? Les producteurs de rhum qui voyaient leur avantage fiscal leur filer entre les doigts, sur leurs propres terres. En pratique, alors que la vignette Sécurité Sociale s’élevait à 2,80 euros pour un litre d’alcool à 50° (autre que le rhum vendu en métropole ou dans les DOM), le rhum à 50° n’était taxé que 40 centimes dans les DOM.

Il y a un an, les producteurs de rhum craignaient que la fin de ce privilège fiscal ne nuise fortement aux ventes opérées sur le marché local, notamment en direction des touristes. La mesure venant d’entrer en vigueur au 1er janvier 2020, faisons un petit tour d’horizon des dégâts occasionnés où prévoir.


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Les taxes augmentent, mais est-ce que l’alcoolisme baissera vraiment ?

En Martinique, en Guadeloupe, en Guyane comme à la Réunion, on a déjà constaté que les prix avaient augmenté. « Pour un litre de rhum à 50°, cela représente 44 centimes de hausse sur le prix consommateurs en 2018, de 40 cents en 2019 à 84 cents en 2020, explique Stéphanie Labasque, la directrice marketing et commercial du groupe BBS (Trois Rivière, La Mauny).

On ne peut pas dire que cela soit neutre et cela ne peut être que néfaste sur les ventes. Mais nous n’avons pas encore pu mesurer l’impact réel. » En 2020, même si c’est désagréable, les répercussions devraient être minimes. Cependant, les choses devraient très vite s’accélérer car d’ici 2025, la taxe passera de 40 € à 559 €/HAP. Soit une multiplication par 14 ! Un surcoût qui devrait forcément impacter les ventes et donc les distilleries et marques les plus modestes, celles qui comptent le plus sur le marché local.

Ce qui fait dire à Hervé Damoiseau : « Madame Buzyn (alors ministre de la Santé, ndlr) a menti à l’Assemblée Nationale en disant que l’alcoolisme était supérieur chez nous, puisque les rapports prouvent le contraire. »

En effet, s’il faudra bien scruter l’impact économique de cette mesure sur les distilleries, il faudra aussi et surtout vérifier qu’elle a bel et bien fait baisser l’alcoolisme dans les DOM, puisque c’était son but annoncé. Et si ce n’est pas le cas, ce sera la preuve que cette mesure visait surtout à remplir les caisses de l’Etat.