[Focus Style] Quand blanc et mélasse riment avec grand !

Chez Rumporter, nous aimons nous poser des questions incongrues, tarabiscotées, tirées par les cheveux, bref nous triturer les méninges, afin de faire avancer la Science avec un grand S… enfin la connaissance du rhum du moins. Ce qui nous mène tout naturellement à l’interrogation du jour : existe- t-il de grands rhums blancs de mélasse ?

Par « grands rhums blancs » (on devrait d’ailleurs plutôt les qualifier d’incolores), nous entendons des eaux-de-vie distillées à partir de mélasse qui sont tellement bien faites qu’on peut fort bien les déguster tels quels, sans ajouts d’aucune sorte.

Avouons-le, avec cet angle, nous sommes dans la niche de la niche, le pinaillage élevé au rang de grand art. En effet l’immense majorité des rhums de mélasse (qui représentent plus de 90 % de la production mondiale) est d’abord faite pour être allongée en long drink ou en cocktail. À plus forte raison en ce qui concerne les rhums blancs.

La masse de ces rhums est donc distillée en colonnes multiples, dans le but d’éliminer un maximum d’arômes afin qu’ils ne viennent pas s’entrechoquer avec les ingrédients d’un rhum coca, d’un mojito ou d’une pina colada. Cette aromatique laissée à la portion congrue sert aussi dans la perspective du vieillissement, lorsque c’est plutôt le caractère du fût (et non de la matière première la mélasse), qui est recherché.

Pourtant, nous allons le voir, il existe des rhums blancs qui peuvent fort bien être appréciés dans un verre à dégustation, qu’ils aient été créés ou non pour cela.

LA PRIMAUTÉ DES RHUMS AGRICOLES

Mais avant de nous pencher sur ces ovnis, jetons un œil du côté de leurs cousins agricoles et pur jus de canne. Car il faut bien rendre à César ce qui lui appartient, ce sont quand même eux les rois des rhums blancs de dégustation!

Un grand nombre de personnalités que nous avons interviewées pour les 10 ans de Rumporter ont élevé l’apparition de ces rhums au rang d’innovation majeure de ces 10 dernières années, et tablent sur un développement pérenne dans les 10 prochaines. La plupart des distilleries de Martinique et de Guadeloupe proposent désormais des rhums blancs agricoles millésimés, parcellaires, monovariétaux, bruts de colonnes… qui n’ont pas besoin d’être mélangés à du sucre et du citron vert (en ti’ punch) pour être appréciés.

Mais la tendance est aussi présente chez les rhums pur jus de canne, comme à Grenade (Renegade), en Polynésie (Manutea, Pari Pari, Tamure, Mana’O…), au Vietnam (Sampan), au Cambodge (Ampov), en Afrique du Sud (Mhoba), au Cap-Vert avec les grogues (Sodade, Vulcão, Musica & Grogue) en Haïti avec les clairins (Sajous, Vaval) Bref, quoique restreint en termes de quantités, le phénomène est mondial.

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