Nicolas Palazzi, PM Spirits, importateur américain

Pour les 10 ans de votre magazine favori 20 personnalités décryptent les 10 dernières années, et donnent des pistes de réflexion pour les 10 prochaines…

Nicolas Palazzi

Comment le marché du rhum a-t-il évolué au cours des dix dernières années?

Aux US, nous opérons sur un marché de niche avec des rhums Père Labat, Alambique Serrano, Canada, Navazos Palazzi, Velier (Hampden), etc., donc des produits souvent à haut degré, sans additifs, souvent funky, souvent à des prix plus importants, des produits avec beaucoup de personnalité. Je ne prétends donc parler que du type de produits sur lesquels nous sommes spécialisés.

Il a dix ans, l’intérêt pour de tels r (h) ums artisanaux était quasi nul. On sent maintenant que, petit à petit, une frange des passionnés – typiquement ce sont des amateurs de whisky américain qui ont décidé de voir ce qu’il y avait au – delà des Bourbon et Rye qui sont leurs boissons favorites – commence a s’ouvrir a la découverte. Le marché n’a rien à voir avec celui de la France qui est hyper dynamique; sur les US c’est toujours très timide. Une grosse partie des éditions limitées que nous vendons semblent repartir en Europe d’une manière ou d’une autre, si on en juge par les ventes aux enchères… Nous en sommes donc aux balbutiements de la catégorie. C’est comme regarder de l’eau bouillir : à un moment on perçoit de petites agitations dans le fond… on en est là.

Comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années ?

Si tous les acteurs poussent dans le même sens, si beaucoup d’échantillons sont utilisés pour faire découvrir, si de gros efforts d’éducation sont faits, si plus de voyages sont organisés pour amener les « early adopters » et acheteurs trade sur place, si toutes ces actions sont entrete- nues sur les prochains 5 ou 8 ans, les possibilités sont importantes. On voit beaucoup de r (h) ums super niche qui arrivent sur le marché, Clairins et autres, la diversité existe déjà. Mais ce sont toujours les mêmes 200 personnes qui achètent (bon j’exagère un peu, mais c’est l’idée).

Il s’agit de battre le pavé pour faire connaître/faire déguster avec l’idée que personne ne nous attend vraiment; pas de queues sur le trottoir en dehors des magasins/bars avec des gens qui campent en attendant de pouvoir boire un r (h) um artisanal. Comme tout aux US, le territoire est immense, la population importante, et la demande reste à créer, mais c’est faisable avec du temps et de la discipline.

Avez-vous une actualité dont vous souhaitez nous faire part ?

À titre d’exemple nous travaillons depuis de nombreux mois afin d’enregistrer les étiquettes de Chalong Bay le rum thaïlandais (ce sera probablement en 2024), nous avons eu une conversation plutôt sympa avec Saudade, le grogue Cap Verdien, que je pense Rumporter connaît bien (il faut que je trouve une bouteille de votre sélection…) il y a quelques semaines, etc. De manière générale, notre activité est toujours plutôt riche.

Que représente Rumporter pour vous ?

La bible. Une des pierres angulaires du développement des distillats de canne sur les marchés francophones à travers la diffusion de la connaissance liée aux r (h) ums. Et un magazine qui devrait absolument être disponible en anglais…

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