Rumporter a rencontré Grégory Vernant dans un restaurant japonais du 3e arrondissement de Paris, lors de son passage dans la capitale à l’occasion du dernier Whisky Live (septembre 2022). Même s’il a beaucoup été question de rhum, c’est accompagné de saké (chaud et froid) dont il est amateur, que cet entretien a été réalisé. Star system du rhum, bio, spéculation, AOC, réseaux sociaux, nouveautés, eau, et surtout le terroir sa grande préoccupation, tout y passe ou presque !
Grégory, les passionnés portent Neisson au firmament du rhum, tes produits sont parmi les plus recherchés, quand tu débarques dans l’Hexagone tu dois un peu être accueilli comme une rock star ?
Pas du tout. Je pense qu’il y a un décalage entre ce qu’on voit sur les réseaux sociaux et ce qu’on vit à 8 000 km de distance. Je pensais même que d’autres marques, plus présentes sur les réseaux étaient plus célébrées que nous.
En fait, quand on échange avec les passionnés, on réalise qu’ils ne se rendent pas compte de la taille de Neisson. Quand on leur dit qu’on ne représente que 2% de la production de la Martinique, ils tombent des nues.
Les passionnés attendent les nouveautés de chez Neisson comme le messie, qu’est-ce qu’on peut leur dévoiler ?
On en revient aux réseaux sociaux. Souvent les gens nous demandent ce qui sort cette année, ils sont en permanence en attente de nouveautés. Ils oublient qu’à chaque campagne, il y a un nouveau rhum blanc avec un superbe 52,5 Bio et un tout aussi bon profil 107 Bio. Donc avant tout, la nouveauté cette année, c’est la campagne 2022 !
Mais quand même, qu’est-ce qu’on peut s’attendre à voir débarquer comme nouveauté, à part la campagne 2022 bien sûr !?
Peut être un nouvel élevé sous bois qui sera vendu en exclusivité à la boutique de la distillerie ainsi que des straight from the barrel proposés en petit contenant afin que le plus grand nombre de clients puissent en bénéficier. Il y aura bien entendu la cuvée anniversaire Nonaginta pour nos 90 ans, ainsi que les nouveaux embouteillages des 15/18 et 21 ans.
Que t’inspire la floraison de nouveaux types de rhums : monovariétaux, millésimés, bruts de colonne, parcellaires… ?
Je trouve qu’on est parfois dans le trop-plein de nouveautés, on veut toujours trouver quelque chose que les autres ne font pas pour se démarquer, pour faire le buzz. On est un peu dans la course à l’échalote au plus haut degré, au plus d’esters, au nouveau type de finish… J’aimerais bien que les choses se tassent un peu et qu’on revienne au terroir.
Donc par exemple, on ne verra jamais de finish chez Neisson ?
Je ne souhaite pas embouteiller de finish parce que ça ne corres- pond pas à ma philosophie, pas parce que je trouve ça mauvais. J’ai une vision assez simple de mon métier, qui est de défendre un terroir et une origine.
La mode par définition ça passe, le but pour nous c’est de perdurer. Enfin, j’ai goûté beaucoup de produits en finition d’ex-fûts d’alcools divers et variés, qui avaient perdu le goût du rhum, et qui au final ne sont plus en AOC.
En fait, avec Alex Bobbi vous préférez jouer sur les types de fûts ? D’ailleurs quels sont ceux que vous utilisez pour vos rhums vieux ?
Alex et moi avons une petite préférence pour les barriques dites de bourbon mais cela reste notre goût personnel, loin de moi l’idée de vouloir établir une hiérarchie du chêne. Pour nos barriques neuves, nous avons du chêne américain et du chêne français.