Eric Eugénie (Président de la SICA Canne Union) : “La canne à sucre risque de péricliter très vite en Martinique”

Fabien Humbert : Vous êtes à la tête de la SICA Canne Union, pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

Eric Eugénie : Pendant longtemps, les producteurs de rhum, bien organisés au sein du
Coderum étaient aussi de gros planteurs, et parlaient au nom de la filière canne et des planteurs en général, malgré l’existence de Canne-union, association de loi 1901.

Les producteurs de canne, face à leurs difficultés de plus en plus importantes, ont compris que les politiques et l’administration souhaitaient échanger avec une structure de producteurs de canne distincte des producteurs de rhum.. Après un an de réflexion, nous avons décidé de créer la Société d’Intérêt Collectif Agricole (SICA) Canne Union en novembre 2014.

Recolte canne à sucre
Récolte de la canne au domaine du Gallion qui produit le rhum Baie des Trésors

La majorité des membres du conseil d’administration m’ont demandé de prendre la direction de cette structure, dirigée par un président et 11 autres administrateurs.

Cette instance vient s’ajouter au Coderum qui représente les producteurs de rhum au niveau martiniquais, au syndicat AOC, au Centre Technique de la Canne et du Sucre (recherche agronomique), et au Cirt Dom qui défend le rhum français au niveau national
et européen.

FH : Quel est le rôle de la SICA ?

EE : Elle défend les planteurs, qu’ils soient petits, moyens, gros, adhérents ou non. Nous militons pour que les aides (prime bagasse, aide à la plantation, aide au transport, aide complémentaire…) soient maintenues ou augmentées, on discute avec les pouvoirs publics pour maintenir les conventions qui permettent à la sucrerie du Galion de continuer afin de broyer les cannes de beaucoup de planteurs… Et nous prodiguons aussi formation et conseils aux planteurs.


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FH : Quels sont les défis que la filière canne à sucre doit relever à l’heure actuelle en Martinique ?

EE : Ils sont de plusieurs ordres et si nous n’y arrivons pas la canne à sucre risque de péricliter très vite. Commençons toutefois par un point positif. Selon le dernier recensement opéré par la DAAF (Etat) en 2020, la canne à sucre est la seule culture qui ne
perd pas en surface en Martinique. Mais le nombre de planteurs, lui, diminue. En 1981 ils étaient 551 et aujourd’hui un peu moins de 200. Donc, le premier défi, c’est de faire en sorte que le nombre de planteurs de canne cesse de baisser en Martinique, voire
qu’il augmente.

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