Depuis la première édition de Rhum Fest Marseille, le spécialiste du bar Lucas Finateu d’Oz Cocktail se creuse les méninges pour mettre en lumière le rhum en cocktail à travers un bar éphémère toujours innovant et alléchant. Pour 2018, pas de palmier, ni de sable chaud, ce barman marseillais signe une animation cocktail dans un esprit « apothicaire » avec différents partenaires. Lucas Finateu nous dévoile en avant-première les dessous de ce bar botanique au parfum de rhum.
Laurence Marot : Vous collaborez depuis la première session de Rhum Fest Marseille pour la partie mixologie, comment a lieu votre rencontre avec ses fondateurs Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht ?
Lucas Finateu : J’ai rencontré Cyrille Hugon en 2012 à l’occasion de ma sélection à la finale nationale d’Angostura Global Challenge. Nous avons continué à nous croiser sur des salons dont le Rhum Fest Paris. Quand Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht ont lancé l’aventure de Rhum Fest Marseille en 2016, ils se sont entourés d’acteurs locaux et m’ont donc contacté pour gérer la partie animation et cocktails.
Avec ma société de bar événementiel, Oz cocktail, basée à Marseille et l’envie constante de nouveaux challenges, j’ai accepté tout de suite leur proposition. De plus, je connaissais bien l’équipe qui gère l’évènement sur Paris pour avoir travaillé avec eux dans une autre vie où je fus de passage à la capitale. Je savais que je pouvais compter sur l’expérience de Jérôme Vallanet (Forma bar, Paris) acquis sur le Rhum Fest Paris depuis plusieurs années pour la première édition Marseillaise.
LM : Vous avez déjà imaginé deux bars éphémères autour de cocktails à base de rhum, le « Waï Bar » en 2016 animé des guest bartending avec la crème des barmen du sud et le « Ferry Bar » en 2017, un concept marin avec un livret de recettes cocktails à la clé, quel a été l’accueil du public sur ces deux animations ?
LF : L’accueil a été très bon sur ces deux animations. Depuis la première édition, nous imaginons un thème bien particulier, en gardant le même fil conducteur « le rhum ». Nous en profitons pour revisiter certains styles (Tiki, Navy) en y ajoutant une touche de Provence. En 2016, nous avions monté un bar tiki de surfers marseillais. En 2017, en effet le thème était marin, autour d’un bar fonctionnant comme un bateau.
Les cocktails étaient réalisés à partir de produits récoltés selon les différentes destinations (Bassin méditerranéen, Brésil, Venezuela, Martinique, Cuba, Guatemala, Trinidad). Les visiteurs sont plutôt réceptifs à ce genre d’activation. Proposer une thématique dans un salon ouvre le dialogue et permet d’expliquer la dynamique mais surtout de parler des rhums présents.
LM : Pour l’édition 2018, vous vous lancez dans une nouvelle et audacieuse aventure autour de l’herboristerie et du cocktail. Vous vous êtes cette fois-ci entouré de trois partenaires de haute qualité, Le Père Blaize, Le Parfum, le Carry Nation. Comment est né ce projet ?
LF : La nouvelle thématique repose sur un bar type « Apothicaire », le nom sera dévoilé avec la carte mi-octobre ? Un indice ? Il sera Pagnolesque. Chaque année, l’équipe du Carry Nation fait partie intégrante de l’animation. Pour un salon du rhum à Marseille, je me voyais mal la monter sans leur collaboration. Cette année, nous avons réfléchi ensemble sur un thème commun. Nous avons rapidement pensé à Vincent Eliot comme autre partenaire (ancien chef barman du Petit Nice Passedat), l’un de nos fidèles guests qui venait d’ouvrir avec l’herboristerie du Père BLAIZE une tisanerie, du nom de Maison Blaize.
Il a tout de suite été enthousiaste au projet ce qui nous a permis de lancer cet axe « Apothicaire » composé entre autres d’infusions et de produits maison. Mais qui dit Apothicaire dit Flacon. Automatiquement, on ne peut penser qu’au Parfum, ça tombait bien Thomas Fernandez est un copain et est toujours motivé pour tout tant que ça lui parle. Du coup, nous avions un côté vintage avec le Carry Nation, une connaissance poussée sur les plantes avec le Père Blaize, l’aspect infusion et glace avec le Parfum et notre expérience de la logistique pour chapeauter le tout. Et là c’était parti !
LM : La carte de ce bar éphémère sera composée de 10 créations au rhum. Chaque partenaire possède une personnalité cocktail bien distincte. Comment avez-vous travaillé tous ensemble sur cette carte ?
LF : La carte n’est pas encore totalement bouclée, car ce n’est pas si simple de tous nous retrouver à des rendez-vous fixes. Notre objectif est de monter une carte commune, d’assembler nos différentes idées et non pas de créer des recettes chacun de notre côté. Nous avons fait en sorte que nos différentes personnalités soient notre force.
Le but de cette collaboration est avant tout d’être en cohérence avec cette animation bien spécifique mais aussi complémentaire. Et que chacun apporte sa pierre à l’édifice. Mon rôle est de temporiser parce ce que, avec les loustiques, ce sont parfois des rochers qui sont apportés ahahah !!! Il ne faut pas perdre de vue que nous pouvons envoyer jusqu’à quasi 2 000 cocktails. On travaille ensemble depuis un bon moment et nous sommes relativement liés, les choses ne peuvent que bien avancer.
LM : Quels sont les partenaires rhums qui vous ont suivi pour cette nouvelle expérience cocktail à Rhum Fest ?
LF : Nous n’avons pas encore totalement finalisé la partie partenaire. Ce que je peux dire c’est qu’il y aura surement du Rhum, du Ron, du Rum et de la Cachaça. 🙂
LM : Peut-on avoir deux recettes en exclusivité ?
LF : Je n’en donnerai qu’une, qui j’espère fera la réussite de l’animation.
C’est une longue histoire réalisée au shaker :
Une pincée de l’expérience de Vincent Eliot (Père Blaize)
2 dashes de la créativité de Thomas Fernandez (Le parfum)
4 cl de La passion de Nicolas Margeot (Carry Nation)
4 cl de La volonté d’Elsa RIGAL (Oz Cocktail)
4 cl du professionnalisme de Christopher DOUABIN (Oz Cocktail)
En Déco : Notre amour de la profession
Le tout servi au Palais des Arts de Marseille les 4 et 5 Novembre prochain par Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht.
LM : L’utilisation des herbes fraîches ou séchées est de plus en plus courant chez les barmen pour leur produit maison. Quels seront les botaniques mis en avant pendant ces deux jours ? Plutôt de style provençal ? Aurez-vous un rôle pédagogique sur le stand avec Vincent Eliot de l’herboristerie du Père Blaize ?
LF : Vincent Eliot vient de créer à Maison Blaize une gamme étonnante de 12 tisanes à consommer froides ou chaudes. Toutes ces préparations ont une connotation marseillaise (Ex : La Notre Dame de la garde, La Tisane du Chateau d’If). Celles-ci se composent de produits locaux ou de provenances plus lointaines. Bref, des tisanes totalement à l’image de Marseille et on aime ça ! Nous ferons en sorte avec l’appui de Vincent d’être pédagogue sur l’histoire des plantes dans les cocktails et comment mettre en avant les différents Rhums avec celles-ci.
LM : On imagine pour ce bar éphémère « Apothicaire » une scénographie vintage et intimiste. Quel sera le décor mis en place ?
LF : Comme je disais précédemment, l’objectif est de créer un espace dédié à l’échange et au dialogue. Notre animation nécessite une certaine atmosphère. Cette fois-ci, nous occuperons le salon au rez de chaussée du Palais des Arts de Marseille pour y implanter notre bar à cocktail éphémère.
Avoir un espace dédié à cette animation facilitera, on espère, la communication et donnera un message plus clair aux visiteurs. Et bien sûr, les partenaires au nombre limité pourront être mis en avant comme il se doit. Oz Cocktail aura pour mission de coordonner et d’apporter une unité à ce bar éphémère en travaillant sur la scénographie, le mobilier d’époque, l’affichage et des tenues, mais je n’en dévoilerai pas plus.
LM : Pendant ces deux jours quelle va être l’organisation derrière le bar ?
LF : Nous serons tous sur place avec nos équipes pendant ces deux jours, l’envoi de la carte étant permanent. Nous aurons entre autres certainement la chance d’accueillir certaines figures de l’association des barmen de la région PACA dont nous faisons quasiment tous partie.
Préparez à vous à quelques belles surprises car il y aura de nombreux professionnels du bar et du rhum sur place.
LM : Vous qui êtes basé à Marseille quel regard avez-vous sur l’évolution et l’impact du salon Rhum Fest Marseille auprès des professionnels et du grand public ?
LF : Marseille est une ville de rhum, par son histoire mais aussi par son présent et certainement par son futur, dynamisée par tous les nouveaux acteurs de la cité phocéenne liés à ce spiritueux. Nous sommes cette année à la troisième édition et le salon s’installe progressivement parmi les rendez-vous incontournables des amateurs et professionnels des spiritueux.
La version marseillaise du Rhum Fest est plus intimiste et donne l’opportunité à de petites maisons d’être présent au côté de grandes figures du rhum. C’est aussi l’occasion idéale pour les sudistes de découvrir les nouveautés à proximité de chez eux. Du côté du grand public, je suis surpris de voir la progression de leurs connaissances d’une année sur l’autre. Je pense donc que l’impact est plutôt positif.