Symbole de la Guadeloupe, Damoiseau est une réussite entrepreneuriale tant à l’échelle locale, nationale qu’internationale. A sa tête, on trouve l’incontournable Hervé Damoiseau, troisième génération de producteur de rhum. Il est également un habile négociateur politique puisqu’il est le Président du Conseil Interprofessionnel des Rhums Traditionnels des Départements d’outre-Mer (CIRTDOM), défendant sans cesse l’exception française et son indiscutable qualité. C’est d’ailleurs à ce titre que la rédaction lui a confié une tribune avec le billet d’humeur dès la création de Rumporter.
Alexandre Vingtier : Comment la famille Damoiseau est-elle devenue productrice de rhum guadeloupéen ?
Hervé Damoiseau : Mon aïeul Louis Laurent Damoiseau, né à Chartres en 1787, maître coutelier de profession, a débarqué en Guadeloupe fin 1815. Quelques générations plus tard, mon grand-père Roger Damoiseau (père) est directeur de l’usine sucrière de Beauport, à Port-Louis. Un jour, il croise son notaire et ami Thionville qui lui apprend que le domaine Bellevue, est en vente. Fondé à la fin XIXe siècle dans la commune du Moule, il est alors la propriété d’une famille martiniquaise, les Rimbaud.
A l’époque, en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, ce n’est plus qu’une usine désaffectée, dont la production de sucre et de rhum a cessé dans les années 20. Des arbres ont carrément pris racines dans l’enceinte des bâtiments. Tout est à reconstruire. Mon grand-père n’a alors pas les fonds nécessaires et Thionville propose de l’aider en le finançant. Il met alors une option d’achat sur le domaine mais, comme il a d’autres projets en tête, il ne visite même pas la distillerie. Quelques jours plus tard, une visite lui met la puce à l’oreille : on lui propose le double de sa promesse pour qu’il retire son option. Roger se décide à prendre le volant de sa vieille Citroën. Là, il tombe sous le charme de la bâtisse. Le rhum Damoiseau avait vu le jour.