L’homme à la poussette a testé pour vous : le Salon du Rhum à Spa, Belgique

Heureusement certaines personnes ont d’excellentes idées ! Parmi celles-ci : organiser le Salon du Rhum en Belgique. Voilà de quoi prolonger les beaux jours et me fournir une excellente raison pour passer deux jours à Spa, dans l’est du pays. Je regarde le site internet du salon afin d’avoir une idée un peu plus précise de ce qui sera proposé et entre le grand nombre d’exposants, les nouveautés, les masterclasses et l’espace collector, c’est décidé, j’y vais !
Billet de train (ou plutôt billets de train, trois trains différents quand même) en poche, nuit dans une maison d’hôte réservée ; il ne me reste qu’à préparer mon sac le jour J et on est bon.

Spa - lieu

C’est loin mais c’est drôlement bien !

 

Nous y sommes, samedi 8 octobre. Après des au revoirs touchants avec l’occupant de la poussette et sa mère, me voilà dans le métro, direction Gare du Nord ; objectif : Thalys pour Bruxelles.
Arrivé à temps, je grimpe dans le (premier) train, qui atteint sa destination à l’heure prévue. J’ai juste eu le temps de me rendre compte que je ne peux écrire sur mon ordinateur portable dans le train, sous peine de le repeindre couleur vomi ☹. Second train, me voilà ! Petit souci sur la ligne, et retard de 15 minutes ; pas de problème, j’ai 30 minutes devant moi à la prochaine gare pour prendre le troisième et dernier train. Seulement voilà, ce retard s’accroît pendant le trajet, résultat, nous croisons le train dans lequel je devais monter. Heureusement il y en a toutes les heures…
Plus de souci sur la fin du parcours, j’arrive à Spa. Il est déjà presque 16h00 (porte à porte il m’aura quand même fallu sept heures – oui j’étais motivé ☺), il ne me reste que quatre heures pour profiter de ce premier jour (il faut compter 4h habituellement entre Paris et Spa, ndlr).
J’arrive sur les lieux, et quels lieux ! De l’extérieur, il en jette déjà mais l’intérieur est encore plus remarquable, avec un très bel espace et beaucoup de place pour que les visiteurs ne se marchent pas dessus.
Je suis accueilli par Vincent, organisateur du Salon, avec lequel j’avais échangé quelques jours auparavant. Il me fait faire le tour du propriétaire : espace principal, vestiaire, restaurant, bar collector, nouveautés, lieu dédié aux masterclasses… Beaucoup de choses à découvrir donc. Et beaucoup de gens à rencontrer ! Facebook a ceci de passionnant que vous pouvez tisser certains liens avec une personne sans l’avoir jamais vue. Avoir ensuite l’opportunité de la rencontrer n’a pas de prix. Et j’ai pu en rencontrer pas mal ☺ Je préfère ne pas tenter de les mentionner tous sous peine de prendre le risque d’en oublier ^^
Peu de temps après mon arrivée, je me rends à la première masterclass du week-end avec les rhums Plantation. Je pensais avoir l’opportunité d’en apprendre plus sur la nouvelle gamme « extrême » de la maison et pouvoir y (re)goûter. Mais en fait, non. Cette masterclass était clairement destinée aux amateurs moins avertis – avec plein de choses à apprendre pour eux – et je m’y suis un peu ennuyé. Heureusement que mes voisins étaient sympathiques ! Les rhums à déguster étaient les classiques de la gamme, dont certains se défendent, tels le Saint Lucia et le Jamaica, mais je les connais déjà.
Je ressors de là et file à l’espace collector où tant de belles bouteilles attendaient les heureux propriétaires de billets adéquats. 25 bouteilles disponibles et la possibilité d’en déguster 11. Croyez-moi, 11 rhums d’exception vont prendre déjà tellement longtemps à déguster que c’est bien suffisant, je n’ai d’ailleurs pas eu la possibilité d’en goûter onze par manque de temps, mais je n’ai pas loupé certaines perles : Neisson, Trois Rivières, JM… Oui les agricoles me tentaient davantage et je ne regrette pas d’avoir fait une quasi impasse sur les rhums de mélasse ☺

Cover 2
Toutes ces dégustations en compagnie d’autres amateurs éclairés ont sans aucun doute été un des points d’orgue du week-end ! C’est tellement intéressant et enrichissant d’échanger sur cette passion commune avec d’autres amoureux du rhum !
La journée s’achève, et après un restaurant bien tardif (et très bon) en excellente compagnie, il est l’heure d’aller se reposer. Méfiez-vous, à cette période de l’année, il caille déjà drôlement par là-bas, n’hésitez pas à prendre une petite laine dans votre baluchon.
Et c’est donc après une nuit passée à dormir d’un sommeil réparateur et à publier un article sur mon blog, que je pars à l’aventure dans cette petite ville, en compagnie d’un camarade de jeu parfaitement trouvé. Nous profitons de cette matinée pour découvrir un peu les alentours : une brocante (oh tiens, mes voisins de la masterclass de la veille ;), des emplettes de chocolat et un croque-madame (sans frites !) plus tard, il est temps de passer une après-midi studieuse.
Découverte de pas mal de choses avec des nouveautés de Cédric Brément et ses arrangés (ce fruit colombien, le lulo, est vraiment surprenant) ; une bonne partie de la gamme d’un nouvel embouteilleur indépendant allemand : Bonpland, avec ses blends voués à être disponibles en permanence et les single casks, une dizaine quand même (du moyen, du bon, voire du très bon, il va falloir goûter à tout pour s’y retrouver, alors soyez prêts à être studieux) ; également, les deux rhums à sortir de la Compagnie des Indes et leurs embouteillages de plus en plus originaux, voire tarabiscotés. Mais aussi des blancs pur jus de canne, avec la récolte 2015 du rhum thaïlandais Issan – qui me plaît autant que la 2014 – et le Genesis de Longueteau (pas encore commercialisé), son fort degré (plus de 70% tout de même) et sa surprenante douceur.

Comme sur tous les salons, profitez de la présence de certains producteurs pour parler, échanger et apprendre !

Pas le temps de dire ouf qu’il est déjà temps de retourner dans ce magnifique théâtre où les masterclasses prennent place. Cette fois-ci, changement de décor (pas étonnant pour un théâtre… hohoho) et de public avec l’embouteilleur italien Velier, qu’on ne présente plus.
C’est Daniele Biondi qui officie et nous expose, dans son habituel et sympathique mélange de langues (il me fait parfois penser à Salvatore dans Le Nom de la Rose, bon, sans le côté bossu simple d’esprit), ce qui définit la qualité objective d’un rhum. Il explique à un parterre intéressé et par moment amusé, que la distillation est l’étape la plus importante dans l’élaboration d’un rhum, avant la matière première ou le vieillissement. Il enchaîne naturellement sur la classification Gargano (patron de Velier), qui est précisément une grille d’appartenance des rhums en fonction de leur distillation. Je ne vais pas vous l’expliquer ici, mais pour simplement en capturer l’essence, sachez qu’il s’inspire de la notion des single malts et la transpose au monde du rhum.
S’il y a une chose principale à garder à l’esprit, c’est qu’un rhum distillé sur alambic sera toujours plus expressif, doté d’une identité plus forte et plus riche qu’un rhum distillé sur colonne moderne (par opposition aux colonnes traditionnelles, comme celles utilisées aux Antilles Françaises). Cela vient principalement du degré alcoolique du distillat, qui, sur une colonne moderne est beaucoup plus élevé que sur un alambic ; or les arômes et le goût provenant justement de la partie non alcool du distillat, la conclusion est évidente. C’est un mécanisme très simple (du moins dans sa théorie) mais malheureusement trop peu connu.

Spa - Habitation Velier
Vous vous en doutez, pour accompagner la théorie, nous avons quelques verres à notre disposition. Ils sont remplis de « pure single rums » de la gamme Habitation Velier. Beaucoup de petites merveilles avec par exemple le Worthy Park blanc de Jamaïque ou encore le Hampden 2010. Il est toujours captivant d’avoir la possibilité d’échanger avec Daniele (ou Luca Gargano) et cette masterclass n’a pas dérogé à la règle – leur passion est décidément contagieuse !
C’est pour ainsi dire là-dessus que s’est terminé mon salon, puisque après un passage in extremis à l’espace collector, j’ai dû – à regret – saluer bon nombre d’amateurs, quitter les lieux, aller chercher mon sac puis prendre le train, pour un retour dénué de tout rebondissement (et ce n’est pas plus mal ☺).
Je dois féliciter les organisateurs, qui, pour leur troisième édition, ont mis la barre très haut. Le lieu magnifique et surtout très spacieux, le nombre important d’exposants, la variété des masterclasse, les rhums collector (oui le Neisson 15 ans m’a fait une énorme impression !), la bonne humeur générale et tout simplement l’organisation très fluide de l’évènement sont autant de points forts de celui-ci.

Bravo et à l’année prochaine !

 

 

 

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