Homo Saccharum – Teddy Boyer, le défenseur des rhums de la Réunion

À l’occasion de sa venue à Paris pour le salon de l’agriculture, et des 10 ans de l’Indication Géographique Rhum de la Réunion, nous donnons la parole à Teddy Boyer, président de la Réunion des Rhums (à la suite d’Alain Chatel) depuis 2024. et directeur de la distillerie Rivière du Mât.

Teddy Boyer rhum Réunion

Qu’est-ce que la Réunion des Rhums ?

Deux syndicats coexistaient : l’un pour les distilleries d’un côté et l’autre pour les liquoristeries de l’autre. Nous les avons fusionnés. Côté distilleries, le syndicat regroupe donc Savanna, Isautier, Rivière du Mât, et la nouvelle venue Payet & Rivière, qui nous a rejoints l’année dernière. Parmi les liquoristeries, on retrouve Rivière du Mât, Isautier et Chatel. Cela recouvre également la marque Charrette portée par le Groupement d’intérêt économique (GIE). Rappelons que notre syndicat fête ses 100 ans et notre indication géographique, ses 10 ans.

Comment se porte le rhum de la Réunion ?

Globalement bien. Nous réalisons plus de 80 % de nos ventes sur le marché métropolitain, et sur une trentaine de marchés à l’export. Et donc 20 % sur le marché local. On est sur des rhums plutôt premiums, reconnus pour leur qualité et souvent médaillés dans les concours.

Le segment des arrangés est une vraie success-story, qui est dans l’ADN de la Réunion, et qui est beaucoup copié. Isautier a initié le marché et Rivière du Mât s’est positionné depuis 2018. Aujourd’hui à elles seules, ces deux marques réunionnaises couvrent 60 % du marché des arrangés en Métropole.

Quels sont les freins au développement du rhum de la Réunion ?

Nous sommes impactés par le réchauffement climatique et le manque de matière première. On a fait la pire campagne cannière de l’histoire en 2024 avec 1,137 million de tonnes de cannes récoltées, ce qui est historiquement bas. Pour vous donner un ordre d’idée, entre 2019 et 2024, on a perdu 35 % des volumes de notre matière première, la mélasse.

La tendance est également à la baisse et, pour 2025, on s’attend à une campagne assez mauvaise, avec peut-être moins d’un million de tonnes de cannes récoltées. Et le cyclone Garance qui vient de frapper durement La Réunion risque d’avoir un impact désastreux sur la récolte à venir (l’entretien s’est déroulé fin février, NDLR).

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