MARTINIQUE
47% – 70cl
La complexité au nez est tellement évidente qu’elle en devient surprenante. Après trois semaines d’ouverture elle atteint sont apogée. Les strates aromatiques s’égrènent les unes après les autres à mesure que l’on déplace le verre de bas en haut puis de haut en bas : kirsch, groseille, pruneaux à l’eau-de-vie, cassis, violette à l’ancienne, marmelade d’agrumes, un boisé délicat virant sur le bois de rose.
Tout confine ici à la délicatesse et à l’ouverture d’un opéra grandiose. L’on imagine l’alambic à colonne créole en cuivre de la distillerie du Simon, ses plateaux d’épuisement élargis pour retarder le cheminement du vin en cours d’ébullition et prolonger le temps d’exposition entre la vapeur et le vésou fermenté, réduits en nombre pour laisser passer les esters les moins volatiles et produire des eaux-de-vie complexes et grasses.
Puis vient la première attaque en bouche : cerise amarena au sirop, la groseille qui confirme le nez, la trame d’un bois gras : acajou sans astringence très intégré. C’est le second mouvement qui vient un peu perturber le tout : le lierre est maintenant présent, les bois exotiques mais moins nobles, tel l’iroko -entre le bois jaune et rouge- plus asséchant et une flambée d’épices : l’on passe de la cannelle de Ceylan au boisé plus piquant, peut-être trop présent, on s’éloigne de la délicatesse exceptionnelle du nez. Le batch 2 est supérieur au nez au batch 1 c’est une évidence et il faut absolument s’emplir ne serait-ce qu’une seconde de l’infini de l’univers qu’il recouvre.
La deuxième bouche et la finale s’avèrent cependant inférieures au batch 1 dont l’équilibre et la patine de vernis végétale ne cessent de surprendre, dégustation après dégustation, et qui semblent pour l’instant insurpassés à défaut d’être un jour insurpassables tant la qualité des jus d’HSE comme celle des fûts de ce quatrième cru classé de Bordeaux sont exceptionnelles.