Par Fabien Humbert, envoyé spécial en Martinique
On se demande parfois où Alex Bobbi, qui se définit comme “chef de production à 80% et maître de chai à 20% du temps” va puiser son inspiration. La distillerie basée au Carbet, en Martinique, fourmille en effet de projets, qui concernent le plus souvent des rhums vieux, voire très vieux. Lors de notre visite vendredi dernier, Alex Bobbi a levé un coin du voile sur deux d’entre eux.
Un essai en fût de chêne japonais
Le premier concerne la mise en vieillissement d’un rhum blanc en fûts de Mizunara. Si des whiskies avaient déjà été placés dans ces fûts de chêne japonais (Chivas, Matsui, Hibiki…), c’est une première dans le rhum. Lorsque nous avons gouté l’elixir au fût, le rhum blanc affichait déjà une belle couleur ambrée, dévoilait des arômes sucrés, épicés, et était déjà fortement marqué par le bois, après y avoir passé seulement 6 mois. Et Alex Bobbi de nous confier que toute la difficulté de l’exercice serait justement de laisser le rhum dans le fût juste assez longtemps pour que le bois ne prenne pas le dessus.
Un assemblage de légendes pour les 90 ans
Autre nouveauté qui va probablement faire sauter au plafond les amateurs et les amatrices de rhums très vieux. Outre un nouveau 15 ans et un nouveau 18 ans, Alex Bobbi est en train de concocter un assemblage qui comprendra du millésime 2000, de l’armada 1997 et du rhum datant de 2004 pour les 90 ans de la marque.
Le résultat s’appellera Nonaginta et prendra place dans un flacon sombre barré de lignes translucides qui permettra d’entrevoir le trésor liquide. Les 400 à 450 flacons prévus (selon la part des anges d’ici la mise en bouteille), seront donc disponibles sous peu.
Nous avons pu goûter Nonaginta en avant première et bien qu’il ne soit pas encore tout à fait prêt, c’est évidemment un rhum d’exception. Par contre, son prix n’a pas encore été dévoilé, gageons qu’il sera stratosphérique.
Un droit d’entrée à 5 euros
Revenons sur terre avec un peu de spiritourisme. Neisson, qui accueille quelque 60 000 visiteurs gratuits par an, a décidé de réduire la voilure et de se concentrer sur une offre plus qualitative.
Grégory Vernant (troisième génération à la tête de la distillerie) a décidé de fixer un droit d’entrée de 5 euros. Les spiritouristes pourront faire une visite d’une quarantaine de minutes dans l’usine, mais aussi dans le domaine alentour, passant ainsi par la parcelle bio, les bois, et le verger. Le nouvel objectif étant d’accueillir dans de meilleures conditions 15 000 visiteurs par an.
Enfin, côté culture, Neisson expérimente en ce moment une sarcleuse portative d’une autonomie de 48 heures, qui devrait (si le test est concluant) permettre à ses travailleurs des champs (coupeurs, débroussailleurs) de moins se fatiguer dans leur lutte contre les mauvaises herbes.