Installé à Alicante, le chef barman arménien Gegam Kazarian est devenu l’une des grandes figures de la scène cocktail espagnole et internationale. Sa passion du voyage et du goût a nourri son style cocktail en mixant des ingrédients naturels des quatre coins du monde. Le rhum fait partie de ses spiritueux de prédilection. Rencontre avec cet érudit de la mixologie.
Laurence Marot : Vous êtes d’origine arménienne, comment votre famille vous a-t-elle éduqué au goût pendant votre enfance ?
Gegam Kazarian : Notre enfance marque de manière inconsciente notre vie liée à des expériences qui ont éduqué nos sens. Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la chance d’être en contact avec la nature, dans un paysage entouré d’arbres, de fruits, de légumes, de plantes aromatiques et de fleurs.
J’avais l’habitude de cuisiner et de confectionner certaines boissons avec mes grands-parents et mes parents, entre des confitures et du vin. Je me rappelle encore humer le parfum du lavash, le pain traditionnel arménien cuit au bois, avant de le dévorer. Ces moments épicuriens ont beaucoup influencé mon avenir.
LM : Comment est née votre vocation pour le monde des cocktails ?
GK : Quand j’étais enfant, je rêvais d’être médecin pour venir en aide aux gens. Avec le temps, ma passion pour la nature m’a détourné de ce premier choix. J’ai commencé à étudier à la faculté de biologie et de chimie de l’Université d’Etat d’Erevan, capitale de l’Arménie, où je me suis spécialisée dans l’écologie.
Pour payer mes études, avoir mon indépendance et aider ma famille, j’ai commencé à travailler dans un nouveau restaurant mexicain qui proposait des cocktails aux saveurs tropicales. J’étais fasciné par ce monde ludique, abondant de saveurs, de couleurs, d’odeurs et de cultures lointaines. J’ai commencé à prendre très au sérieux ce travail.
Au bout de quelques années, je me suis installé en Espagne et me suis inscrit dans une école d’hôtellerie et de restauration pour approfondir mes connaissances.