Alors que la sortie de cette pandémie mondiale, sans équivalent depuis un siècle, devient de plus en plus concrète, des tensions sociales et économiques ont repris le devant de la scène, parfois au cœur des terres de rhum comme en Guadeloupe ces derniers mois.
Des mutations profondes sont à l’œuvre dans tous les territoires et peut-être plus encore dans les tropiques : le succès du rhum en France mais aussi à travers le monde est bien plus qu’un épiphénomène, il est symptomatique de l’émergence de nouvelles ambitions et surtout réussites à l’échelle d’entreprises, de régions mais aussi de politiques nationales, qui trouvent de plus en plus facilement des partenaires par-delà les océans pour faire la promotion de leurs marques, de leurs produits, de leurs modes de consommation mais aussi de leurs cultures singulières.
La reconnaissance toute récente du « viche », l’eau-de-vie de jus de canne de la côte Pacifique, par l’Etat colombien en tant que boisson faisant partie intégrante de son héritage culturel et ancestral inscrit dans le marbre un tournant historique : même des spiritueux endémiques autrefois clandestins émergent sur la scène nationale et très bientôt internationale, à l’instar du mezcal après une trentaine d’années d’effort.
Des produits à peine effleurés par l’industrialisation, à une échelle encore très rurale, qui vont probablement trouver leur public jusque dans les bars des grandes métropoles et les sites spécialisés avant de se diffuser parmi les autres acteurs des spiritueux et du goût en général. Ailleurs, en Haïti, rhum et surtout clairin, méconnu il y a encore une décennie, ou encore le grogue du Cap-Vert se cherchent une définition légale pour mieux se pro- mouvoir à l’export.
Et d’autres berceaux de la culture rhum changent de braquet et s’autorisent des innovations majeures en s’inspirant des tendances actuelles mais aussi en puisant dans leurs héritages pluriséculaires comme l’illustre notre dossier cubain.
Vive la culture rhum !