C’est un échange récurrent sur les réseaux sociaux, entre les tenants d’une tradition et les tenants du « chacun ses goûts ».
En 1903, le journal « La Réforme sociale », journal colonialiste ayant pour valeur centrale la famille, rédige une longue note sur la Martinique. On y trouve écrit ceci :
« La da est la blanchisseuse habile qui glace les vestons blancs de Monsieur et tuyaute les linges de bébé.
C’est aussi l’experte cuisinière qui prépare le calalou, qui dose le piment dans la soupe « z’habitant », fait la friture d’acras, brasse le cocoyage, met en confiture les patates douces, les barbadines et goyaves, sert avant chaque repas le traditionnel « ti punch ». »
En note de bas de page est écrite la recette du Ti punch : « breuvage fait de rhum, de sirop, de citron et de glace brassés avec une tige de lélé ».
Si l’on admet que le recette du Ti punch n’est pas soumise à l’idéologie du journal d’où elle est extraite, et si on admet que le mot « tradition » signifie « puiser sa légitimité dans le temps, dans l’histoire », alors on peut en conclure que le glaçon peut faire partie de la recette traditionnelle du Ti-punch.
Néanmoins, on peut objecter, et c’est vrai, que la glace était dans la Martinique du début du XXème siècle, un luxe auquel les travailleurs et travailleuses de la canne n’avaient pas accès. Ils et elles consommaient donc leur Ti-punch très probablement sans glaçon.
Pour conclure, les « pro-glaçons » et les « anti-glaçons » peuvent, au-delà du « chacun ses goûts », tout à fait légitimement se réclamer d’une recette traditionnelle pour consommer leur Ti-punch.