Parle-nous de ton parcours ?
J’ai été barman, donc je m’intéressais aux spiritueux en général et au rhum en particulier, car c’était celui que je préférais à titre personnel. Auparavant j’ai vécu 10 ans en Guadeloupe, où j’ai aussi fait du bar.
J’ai évidemment travaillé avec les marques locales, j’ai fait connaissance avec les maîtres de chais, les directeurs de distilleries… Après je suis rentré en métropole, et j’ai arrêté le bar suite à un accident qui m’a abîmé le genou. Un peu par hasard je me suis mis sur internet avec 10 ans de retard sur tout le monde.
J’ai découvert Facebook, et la Confrérie du Rhum qui était à l’époque à peu près le seul groupe qui parlait de rhum. Mais du coup je n’avais pas les codes pour me comporter sur internet.
J’ai commencé à partager des photos de ma collection, mais ça m’a attiré des problèmes parce que les gens ne comprenaient pas comment j’avais accès à de telles bouteilles. J’avais vécu aux Antilles, j’avais 15 ans de bar derrière moi, ça m’avait ouvert des portes, tout simplement.
Et comment t’es venue l’idée de fonder le Rhum Club de France ?
J’ai commencé à prendre part aux débats sur Facebook, mais très vite j’en ai eu marre de voir toujours des critiques de la part de gens peu ouverts. Bref, en 2016, j’ai décidé de créer mon propre club qui s’appelait à la base le Rhum club Val-d’Oise, puis le Rhum Club d’Île-de-France, puis le Rhum club de France.
Ensuite, bizarrement des clubs sont venus me demander l’autorisation de se créer, ça m’a fait rire parce que je n’ai aucune autorité sur rien. Au contraire, j’encourage tout le monde à créer des clubs ! À la base je voulais juste discuter avec des gens ouverts d’esprits qui voulaient apprendre, et continuer à publier.
Je suis reparti aux Antilles en vacances et fait la tournée des distilleries et j’ai eu l’idée d’organiser des masterclass. Il a fallu trouver des lieux et ça n’a pas été facile.
Parle-nous des masterclass ?
J’ai fait venir des intervenants, d’abord de Guadeloupe, puis de Martinique. Au départ c’était uniquement des rhums agricoles, je suis venu sur les mélasses plus tard. Les marques m’ont envoyé des bouteilles, parfois même des exclusivités, puisque je connaissais pas mal de monde.
Ça a créé un peu de jalousie ! Car certains clubs ont du mal à avoir des contacts avec les marques, et moi, c’était plus facile… Mais il y a eu énormément de turn over dans les distilleries.
Il y a 5 ans j’étais ami proche avec la plupart des maîtres de chais de Guadeloupe et de Martinique, mais les temps ont changé. Et il y a de nouvelles distilleries que je n’ai jamais eu l’occasion de visiter, comme Papa Rouyo par exemple.
Comment fonctionne le Rhum Club de France aujourd’hui ?
Aujourd’hui le Rhum Club de France fédère des gens qui viennent de partout dans le monde sur la page Facebook. Environ 20 000 personnes. Les masterclass ont lieu en région parisienne et ce sont surtout des habitués qui viennent.
Quelques dizaines à chaque fois qui paient une petite participation pour le buffet. Ça se passe chez un caviste. Après, au niveau personnel, gérer un club, ça apporte beaucoup de belles choses, de partages, mais aussi des inimitiés. Et c’est extrêmement chronophage !