Alors, est-ce que ces « rhums » sans alcool fonctionnent en cocktail ? Nous avons posé la question à Baptiste Bochet, fondateur des ateliers Colada et auteur de Inventez vos cocktails (Massin).
« Le souci avec les virgin cocktails c’est qu’ils enlèvent plus qu’ils ne remplacent. Aujourd’hui, les rhums à utiliser dans le mojito ou celui dans la Pina Colada sont des rhums de type légers et “blancs” (ou presque). Le fait d’ôter transforme la Pina Colada en un milk-shake ananas coco. Pour moi, imiter un rhum et réussir à créer une boisson sans alcool crédible relève d’un challenge.
En effet, les arômes d’un rhum (la majorité de ceux consommés sur la planète) sont souvent subtils et s’appuient sur le squelette apporté par l’éthanol. Là où sur une imitation de Gin, il est toujours plus facile d’augmenter la dose d’herbes, épices et agrumes afin de pallier l’absence d’alcool.
Le rhum sans alcool est utilisé dans nos ateliers au milieu d’autres boissons sans alcool (je ne veux pas utiliser le terme de spiritueux sans alcool, mais vous m’avez compris !) dont un amer type campari et un ersatz de gin. Ça permet aux personnes souhaitant s’essayer aux cocktails sans alcool d’obtenir des niveaux de complexité aromatique qu’ils attendaient difficilement avec des sirops, des jus de fruits et des sodas.
Il reste encore des progrès à faire en la matière, à quand des faux-rhums qui permettront de réaliser un Zombie sans alcool (le comble !) ? Comme je le dis souvent, il est plus facile de faire un bon cocktail sans alcool qu’un bon cocktail alcoolisé, par contre il est plus difficile d’en faire un excellent et un qui marquera. Ces boissons sans alcool permettent d’aller chercher l’excellence avec plus de facilité et de simplicité (et sans concevoir soi-même des ingrédients maison complexes). »