C’est une première en France. L’Organisme de défense et de gestion (ODG) de Sauternes Barsac propose désormais un système de garantie d’authentification de ses barriques usagées baptisé “Sauternes Cask”.
Les ex-fûts de Sauternes ont en effet la côte auprès des producteurs de rhum qui aiment réaliser des finishs. le Sauternes étant un vin liquoreux issu du botrytis cinerea (“pourriture noble”) qui apporte de la rondeur, des notes de fruits, de cire, du gras… Et il s’agit surtout d’une appellation jouissant d’une image de raffinement, voire de luxe.
Nous avons demandé à Pierre-Baptiste Fontaine (PBF :Directeur de l’ODG Sauternes & Barsac) et Vincent Craveia (VC : Responsable du projet Sauternes Cask) de nous en dire plus.
Quelle est la genèse de Sauternes Casks ?
VC : C’est assez simple, comme vous avez dû le constater depuis une dizaine d’années, les producteurs de spiritueux font des finishs avec des fûts de Sauternes. Et c’est une tendance qui s’accélère. Car cela apporte une réelle une réelle plus value gustative aux spiritueux. Les propriétés de l’appellation sont donc confrontées à des demandes d’achats de plus en plus importantes de la part des alcooliers.
PBF : Ils utilisent notre nom, notre appellation, qui est notre bien commun. On a donc voulu pouvoir garantir aux producteurs de spiritueux la traçabilité de nos fûts de Sauternes.
Il y a donc des faux en circulation ?
VC : Nous avons peu de visibilité sur le marché de seconde main, mais au vu du nombre de barriques en circulation, et du nombre de barriques qui sortent effectivement de nos chais, on s’est tout de même posé des questions. C’est pourquoi nous avons voulu garantir l’AOC Sauternes, avec un produit qui a de réelles propriétés organoleptiques aux acheteurs.
PBF : La quantité de barriques qui peut être mise sur le marché de la revente est assez aléatoire et liée aux volumes produits. Or ces dernières années il y a eu quelques millésimes compliqués, ce qui a eu des répercussions sur le nombre de barriques disponibles. Il y en a quelques milliers par an.
Cela fera aussi du bien à la trésorerie des opérateurs de Sauternes Barsac non ?
VC: Nous sommes vraiment en phase de lancement donc on n’a pas vraiment de visibilité à ce niveau. L’objectif est d’une part de protéger notre appellation, d’autre part de rassurer les producteurs de spiritueux. Après peut-être que la valorisation des fûts sera l’une des conséquences de cette demande.
Que garantit le programme Sauternes Cask ?
PBF : La barrique, pleine de Sauternes, doit se trouver dans l’aire géographique définie de l’AOC. Elle doit être détenue par un vigneron de Sauternes ou Barsac. Et doit avoir contenu du vin de Sauternes et Barsac pendant une durée de 6 mois minimum. Les barriques authentifiées Sauternes Cask sont marquées d’un QR Code généré par un organisme de certification indépendant, qui permet de vérifier instantanément : le numéro d’identification de la barrique et le respect de la procédure d’authentification.
Est-ce que ce sont toujours les mêmes types de fûts qui sont utilisés et revendus ?
VC: Il n’y a aucune exigence en la matière dans nos règles de production du point de vue des opérateurs de Sauternes, et c’est la même chose pour les alcooliers. Chacun a des demandes différentes. Certains demandent des barriques assez fraîches, d’autres au contraire des barriques très âgées et donc très imbibées…
Un dernier mot ?
PBF : Oui, nous sommes les seuls à proposer cette garantie en France, mais nous avons pris exemple sur ce qu’à fait Xerez avec les fûts de sherry.