Chez Rumporter, nous apprécions donner la parole à des personnes inspirantes provenant -et tirant leur inspiration- d’horizons parfois différents des nôtres. Parce que bien manger rapproche autant que bien boire, nous interviewons aujourd’hui une figure incontournable de la cuisine créole : Leslie Belliot.
Baptiste Bochet : Pourrais-tu nous dire quelques mots sur toi ?
Leslie Belliot : Bonjour, je m’appelle Leslie, je suis une bloggeuse culinaire, désormais autrice et également considérée comme « influenceuse » mais je n’aime pas tellement le terme. En Janvier 2016, j’ai décidé de créer le blog « Je Cuisine Créole » et je distille mes recettes auprès de tous ceux qui aiment cette cuisine qui m’est si chère !
BB : Mais alors, d’où te vient cet amour de la cuisine ?
LB : Ouh la ! Depuis la petite enfance je pense ! Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé cuisiner. J’observais ma maman, une cuisinière hors pair. Et mes tous premiers livres ont été des livres de cuisine. Je me soupçonne d’être gourmande !
BB : Qu’est ce qui t’a poussé à arrêter ton ancienne activité pour te lancer à fond dans ce projet?
LB : Je suis quelqu’un d’entier. Quand j’ai démarré c’était pour poster une recette de pain au beurre. Rien de fou-fou n’est-ce pas ? Et puis le succès est venu quasi immédiatement avec un nombre de followers qui augmentait de 10 000 chaque mois sur Facebook ! Très vite ensuite les premières sollicitations pour des partenariats. Le temps commençait à me manquer et j’ai préféré me concentrer sur cette activité qui est désormais mon métier. C’est un bonheur de pouvoir vivre de sa passion n’est-ce pas ?
BB : Quel est ton rapport au rhum ? Ton mode de consommation, ce que le rhum t’apporte –en dehors de l’ivresse !-.
LB : Avec mon retour en Guadeloupe, forcément le rhum est devenu partie intégrante de mon environnement. Je travaille avec certaines distilleries locales qui font appel à moi pour de la création de recettes à base de rhum ou des accords mets-rhum. Personnellement, je suis plutôt consommatrice lors d’événements à caractères festifs ou de temps en temps en fin de semaine. Par ailleurs, je co-anime un compte Instagram “Ti punch et accras” avec mon associée Jocelyne et Rhum Bologne. Le ti’punch est une institution ici aux Antilles au même titre que les accras, mais je ne vous apprends rien ! C’est donc au détour d’une conversation que nous avons trouvé fun l’idée d’en faire un compte dédié.
BB : Que connais-tu, qu’aimes-tu comme rhum ?
LB : J’apprends encore à découvrir les rhums des Antilles (rhums agricoles). J’avais beaucoup apprécié la canne bleue de chez Clément (2017). J’ai un petit faible pour le Coeur de Chauffe de la Distillerie Reimonenq (peut-être par sentimentalisme puisque j’y ai vécu pas loin plus jeune). Néanmoins suis de plus en plus adepte des rhums vieux pour leur complexité. Je n’ai pas vraiment de choix arrêté concernant telle ou telle distillerie… ils ont chacun leur spécificité et c’est ce qui fait la richesse et la beauté de cet univers.
BB : Le food pairing tu y crois ? Ne penses-tu pas que la force alcoolique du rhum est un frein par rapport à ces fameux pairings ?
LB : Bien au contraire, il y a de merveilleuses associations à faire avec du rhum en dégustation. Avec le fromage par exemple : un bon rhum vieux à déguster avec un fromage type bleu d’Auvergne ou Roquefort sur un pain d’épices légèrement toasté et une compotée de banane c’est extra. Pareillement un accord rhum-foie gras c’est divin ! Côté dessert, le chocolat noir sera parfait ! Côté plat, avec les rhums blancs, un poisson fumé ou cru mariné comme un tartare de dorade au citron vert et baies roses…
BB : Donne-moi un accord qui pourrait marcher selon toi, avec un rhum et avec un cocktail.
LB : Il faut bien entendu tenir compte qu’il n’y a pas un XO mais bien sûr au moins un XO par producteur, mais là comme ça, je verrais bien un XO avec un financier gingembre et orange confite. Et en cocktail, un Kréol Coffee (version créolisée de l’irish coffee) avec moelleux au cacao à 70%
BB : Que verrais-tu dans ce cocktail, avec le plat (ou dessert) que tu as choisi, par conséquent ?
LB : Allez je vais vous en dire plus sur le Kréol coffee, imaginez vous en terrasse en train de finir le repas, vous regardez la mer tout en attaquant ce délicieux moelleux au cacao à70% avec juste l’amertume et la charpente nécessaire… Vous buvez une gorgée de ce Kréol Coffee, composé de café de la côte sous le vent, de sucre de canne bien dissout dans le café, de rhum vieux bien épicé et enfin crème fraiche battue… Le rêve non ?
BB : Prévois-tu d’étendre ta présence médiatique en t’intéressant plus à la partie boisson ?
LB : C’est en effet une question qui est d’actualité, j’ai lancé mon magazine et une rubrique cocktail pourrait être adéquate ! Et à quand un livre « spécial apéro » ! Promis, vous serez les premiers informés !
BB : Aimerais-tu étendre ta cuisine à la cuisine caribéenne ? De même pour le rhum,considérant que le rhum agricole n’est qu’une infime partie du rhum caribéen.
LB : Même si chaque territoire de la Caraïbe a ses spécificités, nous avons énormément de points communs de par nos racines. Donc effectivement oui j’aimerais pouvoir à l’avenir élargir mes propositions avec des recettes de la Jamaïque, Puerto Rico, Haïti par exemple. Tout comme je fais des clins d’oeil à la Réunion ou la Guyane depuis le début de mon blog. Je vais y songer pour le rhum 😉 J’aime découvrir ce qui se passe ailleurs !
BB : Et nous aussi chère Leslie, nous remercions pour le temps consacré à cet interview !
Vous pouvez retrouver Leslie sur
et également vous procurer son livre de recettes et le magazine qui sort du four sur le site www.cuisine-creole.com