Disney consacre un biopic au Chevalier de Saint-George, alias Joseph de Bologne

Joseph de Bologne, personnage largement oublié de l’Histoire de France, a fait les grandes heures de la cour de Versailles sous Louis XVI et combattu aux côtés des révolutionnaires. Sa vie va faire l’objet d’un film à grand spectacle, tandis que la distillerie Bologne travaille sur une édition spéciale en son honneur. 

Joseph de Bologne

A l’origine du domaine où se trouve aujourd’hui la distillerie Bologne, il y a une famille de protestants venant des Pays-Bas, les Van Bologien. Leur nom est francisé depuis leur passage en France, avant d’émigrer au Brésil, qu’ils doivent fuir en 1654 au moment où les Portugais récupèrent l’intégralité de leur colonie (ils occupaient plusieurs villes, dont Recife et Natal). Les Bologne arrivent alors en Guadeloupe.

“Ce sont eux qui vont commencer l’activité cannière et le nom de la marque leur rend hommage. De plus, notre code couleur, avec le jaune et le vert est un clin d’oeil à à l’origine de leur savoir faire sur la canne à Sucre venant du Brésil, explique Maëva Flandrina, responsable marketing et communication de Bologne. Certaines de nos parcelles sont plantées en canne à sucre depuis plus 3 siècles, même si l’activité de production de rhum a commencé plus tard, en 1887.” 

 Un affranchi à la cour du roi

Pour revenir à Joseph de Saint-Georges, il est né en Guadeloupe en 1745, issu de la relation entre le colon et nobliau Georges Bologne, qui a acheté une charge de Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi en 1757, et de sa maîtresse esclave, Nanon. Georges Bologne reconnaît officiellement son fils et l’installe en France, souhaitant lui offrir à la meilleure des éducations.

A l’époque, toute personne de couleur, même née d’une mère esclave, arrivant sur le territoire Français est affranchi, selon l’article 59 du Code Noir (« les affranchis ont les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres »). De plus, le père de Joseph lui achètera une charge. 

 Un virtuose de l’escrime et du violon

Le petit Joseph se distingue particulièrement dans deux activités : le violon, et l’escrime qu’il apprend avec le maître d’armes et écrivain Nicolas Benjamin Texier de La Boëssière. Il est tellement doué qu’à 15 ans, il endosse l’uniforme des gendarmes de la Garde du Roi commandés par Charles de Rohan, prince de Soubise. 

Joseph de Bologne, alias le Chevalier de Saint-George deviendra aussi un véritable virtuose au violon, ce qui lui permettra de s’attirer les bonnes grâce de la reine Marie-Antoinette. Il deviendra même un compositeur de renom. “Aujourd’hui ont dit de lui qu’il était le Mozart noir, mais c’est à tort, précise Maëva Flandrina. Puisque Mozart est né 11 ans après lui.”

De là à dire que Mozart était le Saint-George blanc, il n’y a qu’un pas ! En 1776, avec le soutien du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette, le Chevalier de Saint-George est même proposé à la direction de la prestigieuse Académie royale de musique de Versailles. Tel Icare, il se brûle les ailes et doit faire face à l’intolérance d’une partie du monde la musique d’alors. 

 Combat contre l’esclavage et oubli relatif

Il se rabat vers le métier des armes. Il sera le premier officier français métisse (grade de colonel dans une légion composée d’hommes de couleur, sous la Révolution). Plus anecdotique, il sera aussi le premier franc-maçon métisse.

Malgré ce destin exceptionnel, Joseph de Bologne est une figure mal connue en France métropolitaine, alors qu’il est encore célébré en Guadeloupe (une école de musique ou encore un hôtel portent son nom)  et… aux Etats-Unis (où un festival de musique international porte son nom).

C’est qu’après la Révolution, où il  prend fait et cause pour les révolutionnaires et travaille à l’abolition de l’esclavage, il tombe dans un oubli relatif. Ses positions pro-indépendance d’Haïti, et ses accointances avec Toussaint Louverture, ayant probablement poussé le pouvoir napoléonien à le marginaliser dans la mémoire collective.

Tombée dans l’oubli après sa mort en 1799, sa musique est supplantée par les compositeurs romantiques, un phénomène sans doute accentué par le rétablissement de l’esclavage en 1802 et la montée en puissance des thèses raciales. 

 Une nouvelle cuvée en hommage en vieillissement

“Il a déjà existé une cuvée Chevalier de Saint-George chez Bologne, c’était un ambré, à une époque où on ne produisait pas beaucoup de rhum vieux, rappelle Maëva Flandrina. Nous allons refaire une cuvée, mais nous serons sur un très vieux rhum, une belle carafe, nous avons l’intention d’en faire une référence ultra premium. Sachant qu’on retrouve déjà le blason du chevalier sur la bouteille de notre cuvée Black Cane, ainsi que sur la Old Black Cane.”

Si l’Hexagone a tourné le dos à un personnage historique d’une telle importance qu’il fait l’objet d’un biopic de la part des AméricainsCe n’est donc pas le cas des Guadeloupéens, et encore moins de la distillerie Bologne. 

 “Chevalier”

Cependant, dans le biopic “Chevalier” réalisé par Stephen Williams et porté par l’acteur Kelvin Harrison Jr. Il n’est à priori guère question de la Guadeloupe et encore moins de rhum. Dommage. “Nous avons essayé de nous rapprocher de la production du film, mais ça n’a pas été couronné de succès. Cela dit, nous sommes très heureux que ce personnage emblématique de la Guadeloupe prenne vie sur grand écran”, conclut Maëva Flandrina.

Pour le moment il n’y pas encore de date de sortie en France, mais il est sorti aux Etats unis le 23 avril.

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