Interview réalisée le 7 mai 2020
Rumporter : En plus de la production d’alcool sanitaire, quels autres changements avez-vous mis en place pour faire face à la crise du Covid 19 ?
JAP: D’un point de vue entrepreneurial, notre priorité est de préserver la santé et les emplois de nos équipes. Tout notre personnel non directement impliqué dans la production est en télétravail. L’usine continue à produire de l’alcool mais nous nous concentrons principalement sur la production d’éthanol sanitaire. Nous sommes fiers que notre usine ait pu mettre en place toutes les mesures préconisées par le ministère de la santé pour lutter contre la maladie.
R: Quels sont les problèmes principaux auxquels est confronté une distillerie qui souhaite produire de l’alcool sanitaire ou du gel hydroalcoolique ?
JAP: Convertir notre usine de production de rhum en unité de production d’alcool sanitaire a été un sacré challenge. Mais grâce à la compétence et à l’effort de tous, nous avons pu, en seulement deux semaines, adapter la production, obtenir les autorisations et valider les processus de mise sur le marché, le tout en relation étroite avec la Direction nationale des médicaments du pays.
Ca a été un exercice d’équilibriste que de réadapter nos ressources pour aider notre communauté. Depuis, nous continuons à produire de l’alcool sanitaire pour l’offrir aux hôpitaux, maisons de retraite, institutions gouvernementales et pour le public en général. Cette situation nous a confortés dans nos valeurs d’entreprise. En travaillant étroitement avec notre communauté, nous nous rendons compte que ces valeurs vont bien au delà du rhum et nous sommes fiers et émus de pouvoir les partager .
R: Est ce que la production d’alcool sanitaire se traduira par une réduction des quantités disponibles pour les mises en vieillissement ? Est ce une menace pour le futur de votre production ?
JAP: Grâce aux investissements que nous avons fait en 2019 pour rendre la distillerie plus performante, nous disposions de volumes additionnels. Dès le début de la production d’alcool sanitaire, il étai clair pour nous que nous devions pas dévier de notre planning de mise en fûts et celui-ci a été respecté.
R: Quand la crise sea passé, on parle de l’émergence d’une « nouvelle normalité ». Comment pensez vous que cette nouvelle réalité affectera la consommation de spiritueux ?
JAP: C’est clair que le monde d’après ne sera pas le même. Je crois que les tendances qu’on voyait poindre vont s’ancrer et s’accélérer. Par exemple, la consommation de boissons artisanales et authentiques comme notre rhum continuera à croître, et ceci tant que nous parviendrons à remplir un rôle de découverte et tant que nous gardons notre « fraîcheur ». Le consommateur sera encore plus assoiffé de nouvelles expériences surtout dans une période de mobilité réduite. Notre rhum est une promesse de voyage au Salvador, même à distance. Et la bonne nouvelle c’est que nous sommes sur le point de lancer deux nouvelles références (lire l’article ici)
R: Quel rôle doivent jouer des marques comme Cihuatán pour aider notre Industrie au sens large à traverser cette très mauvaise passe ?
JAP: Cihuatán est né avec comme ambition de devenir un ambassadeur du Salvador à travers le monde. Face à cette crise, nous nous employons à être un modèle de résilience. Nous travaillons main dans la main avec nos collaborateurs et partenaires à travers le monde. Si notre moteur est d’abord la passion, nous nous efforçons de créer de la valeur pour toute la chaîne de production. Le CHR au Salvador est composé principalement de petites et moyennes entreprises, souvent familiales. Dès le début de la cris, beaucoup ont dû fermer leurs portes ou adapter radicalement leur structure et leur offre pour survivre.
La première initiative de la distillerie, ça a été de nous cotiser pour réunir des fonds et acquérir les produits de première nécessité que nous avons distribué aux équipes de bars avec lesquels nous travaillons régulièrement. C’est ainsi que nous avons pu aider près de 200 familles.
Dans cet esprit, la Licorera Cihuatán s’est associée avec le cabinet d’audit Fisherman W.M. pour créer un forum de soutien dédié au CHR Ce forum a pris corps le 20 avril dernier et nous avons pu réunir en ligne près de 200 entreprises de l’hôtellerie/restauration pour partager des outils et des stratégies financières pour surmonter la crise. Dans le même temps nous continuons dès que possible à aider concrètement et gratuitement un maximum d’entreprises.