Sise dans le quartier populaire Hauts-Pavés à Nantes, La Part des Anges s’illustre comme l’un des plus vieux repaires de boissons alcoolisées, convoité par les gourmets du centre-ville.
Depuis quelques années, cette cave indépendante au look simple et authentique suit la vague florissante du rhum avec une sélection de cuvée très appréciée des connaisseurs. Visite guidée.
Les natifs de Nantes se sont passés sous le manteau depuis belle lurette cette adresse qui réveille leur gosier de saveurs hautement tanniques et maltées. Un endroit qui rappelle avec nostalgie la vie animée des petits commerces d’autrefois, conviviaux et bon enfant. Idéalement installé à quelques mètres de l’un des beaux marchés de la région, le marché de Talensac, le lieu appelé « Soleil de Provence » est spécialisé dans les vins et fruits et légumes ramenés par son fondateur d’origine espagnole à la fin des années 30.
Rachetée en 1952, le cave connaît une nouvelle ascension à l’arrivée de Monsieur et Madame Vinet, qui reprennent le flambeau de l’affaire familiale en 1964. Pendant des années, le jeune couple illumine le quartier par ses belles découvertes d’horizons variés et surtout par le développement de la section whisky grâce à sa propriétaire Marie-Yvonne et l’aide de spécialistes. Une première sur la ville de Nantes !
En 2013, le jeune trentenaire, Benoît Danet fait l’acquisition de cette cave découverte lors de ses pérégrinations en tant que commerciale dans le vin. Cet expert en bons pinards (également caviste et sommelier) relève les manches pour donner un petit coup de fraîcheur en préservant l’âme du lieu : nouveau nom « La Part des anges », peinture immaculé, aménagement plus fonctionnel et enrichissement de la partie vins en cuvée nature et en biodynamique.
Et il met sous le feu des projecteurs, à l’entrée de sa boutique, la belle collection de whiskys mais aussi celle du rhum et autres spiritueux sous le regard avisé de Madame Vinet, logeant encore au-dessus du magasin. Aujourd’hui, ce n’est pas le propriétaire qui nous fait la visite mais son collaborateur Stéphane France au profil atypique.
Ancien financier à Médecin du Monde à Paris, il fait le grand écart en fin 2013 pour rejoindre la ville de Nantes, l’univers du monde alcoolisé et la Part des Anges. Cet autodidacte, formé quelques semaines à l’École du Vin, s’est enrichi d’une forte culture depuis son arrivée à la cave et accompagne Benoit Badet dans la sélection des alcools et l’évolution de la cave.
La Part des Anges a gardé son éventail de whiskys de haute qualité qui attire une clientèle mordue de jus malté (entre 150 et 200 références du monde entier) et a étoffé considérablement sa gamme de rhums (l’une des plus belles de la ville avec une centaine de références). «Notre travail ici est d’accompagner le marché du rhum en plein renouvellement. Depuis quelques années, on a quitté le vulgaire tafia de mélasse pour aller aujourd’hui vers des distillats plus nobles que ce soit pour la mélasse ou le vésou, On trouve aujourd’hui des choses intéressantes sur le plan technique au niveau des finitions et aussi sur les variétés aromatiques de plus en plus larges.
D’autre part, son histoire, liée au commerce transatlantique, à la colonisation, et à la prohibition aux États-Unis donne une couleur particulière à cette boisson, comparé au whisky qui a connu un passif moins mouvementé et cruel. La démarche du rhum suit celle du vin avec la mise en valeur de la matière première, la canne à sucre et ses producteurs. » explique Stéphane France. Pour faire comprendre cette nouvelle évolution du marché du rhum, La Part des Anges présente son offre de manière didactique. Sur de sobres étagères en bois, les flacons métissés et souvent millésimés sont classés sans anarchie.
D’un côté rhums agricoles (J.Bally 18 ans 1999 brut de fût, le très vieux rhum HSE ou les série limitée de Neisson), suivi des cuvées de tradition anglo-saxonne (Transcontinental Rum Line Fiji 200, Appleton 21 ans, Caroni 23 ans) puis hispanique ( El Pasador XO et Reserva, Ron Aldea 8 ans ou Botran 15) sans oublier le meilleur dur du rhum arrangé (Baristéa, Rhum Metiss ou l’Arrangé).
La maison prend soin d’effectuer des focus sur certaines cuvées afin que sa clientèle puisse géolocaliser les différents producteurs. Un travail élaboré de manière artisanale et évolutive selon les arrivages : une carte géographique de l’origine, un petit drapeau mentionnant les détails de base du pays et un texte descriptif, le tout plantés par une punaise à proximité des produits.
Les derniers coups de cœur de la cave ? « La maison haïtienne Clairin pour son axe sur les producteurs que nous conseillons en dégustation mais également en cocktail. Nous nous dirigeons de plus en plus vers les embouteilleurs indépendants également comme la Compagnie de Indes et Plantation. » précise Stéphane France.
Avec son profil entre cave de quartier et commerce de proximité, La Part des Ange étend sa clientèle sur tous les profils et sur tous les âges : des jeunes nantais débutant leur initiation aux spiritueux jusqu’aux parents plus connaisseurs habitant en périphérie. Pour faire découvrir tous les trésors de sa cave, Benoît Badet et Stéphane Badet organisent des séances de dégustation chaque mois.
Bonne nouvelle ! La Part des Anges s’agrandit avec un nouveau magasin à l’extérieur de Nantes à Chantenay (43, place Jean Macé). Un nouveau rendez-vous au parfum malté mais aussi de canne à sucre.
La part des Anges
➔ 3, rue des Hauts Pavés – 44000 Nantes Tél : 02 40 20 37 48