Rencontre avec Béatrice Clément, responsable commerciale et communication de Lyspackaging.
Fabien Humbert : Quels sont liens entre Lyspackaging et le rhum ?
Béatrice Clément : Nous produisons des bouteilles, des flacons et des bouchons à partir du dernier jus de la mélasse et de la bagasse. Ce sont des matières premières très abondantes dans l’industrie sucrière et rhumière et qui sont rarement valorisées. J’ai déjà vu en Afrique le dernier jus être utilisé pour coller la terre pour qu’elle ne vole.
FH : Pourquoi avoir choisi la canne à sucre comme matière première ?
BC : On peut utiliser la betterave ou le maïs mais notre fondateur Nicolas Moufflet a préféré la canne à sucre car le maïs notamment vient des USA où ils utilisent des OGM.
Notre canne à sucre provient d’Inde et d’Indonésie, et non du Brésil. Ce sont des plantations anciennes, des coopératives de petits propriétaires, et non d’immenses champs à perte de vue qui participent à la déforestation.
FH : Est-ce que vous vous fournissez aussi en France ?
BC : Les îles des DOM aimeraient bien qu’on leur achète leurs cannes car ils ont parfois des excédents. Ils sont obligés de brûler la matière et aimeraient la valoriser différemment.
Le problème est qu’il n’existe pas sur ces îles d’usines de polymérisation végétale. Aujourd’hui, cela rend le sourçage aux Antilles difficile.
FH : Comment transforme-t-on la canne à sucre en flacons ?
BC : Les usines de polymérisation végétale transforment la matière première en grains qui ressemblent à de la matière plastique. Ces grains sont améliorés en laboratoire afin de pouvoir être transformés en flacons et en bouchons dans notre usine basée en Charente-Maritime.
Nos premiers clients étaient des producteurs de jus de fruits premium à la recherched’une cohérence entre un contenu sain et frais avec un contenant biosourcé. Désormais, l’industrie s’intéresse à nos produits.
FH : Vos produits sont-ils recyclables ?
BC : Notre matière n’est pas recyclable mais compostable industriellement. Elle a la norme EN 13432 qui permet de répondre à un certain nombre de critères de non-toxicité et de dégradation dans un certain laps de temps.
Pour le moment, nos produits ne sont pas utilisables en compostage par les particuliers car il faut un compost plus actif et chaud que ce qu’ils peuvent généralement fournir. Nos produits commencent à se déformer à 45°C et à se dégrader à 60 voire 70°C.
FH : Est-ce que les producteurs de rhum s’intéressent à vos bouteilles ?
BC : La plupart des îles, dont nos DOM, n’ont pas de système de traitement du plastique et de recyclage. Donc, à la Réunion par exemple, les plastiques sont envoyés dans des conteneurs en Afrique du Sud.
C’est pourquoi ils sont intéressés par nos produits dégradables localement en compost. Ensuite, si nous n’avons pas encore de clients dans le rhum, nous avons des contacts avec des producteurs.
Nos flacons peuvent accueillir des spiritueux sans que le contenu n’en pâtisse. La durée de vie d’une telle bouteille est d’un an environ si elle est conservée dans des conditions stables, où il ne fait pas trop chaud ou humide.
En revanche, pour le moment, le vin ou la bière se conservent mal dans nos bouteilles.