Pour les 10 ans de votre magazine favori des personnalités décryptent les 10 dernières années, et donnent des pistes de réflexion pour les 10 prochaines…
Comment le marché du rhum a-t-il évolué ces 10 dernières années ?
Pour moi, l’arrivée de la « mélasse de dégustation » s’est faite il y a à peine un peu plus de 10 ans, apportant à la catégorie un vent de fraîcheur perçu comme tel par les consommateurs et consommatrices qui boudaient les rhums français commercialisés à fort degré.
Clairement, l’apport de sucre et d’un vieillissement au produit a su rameuter énormément de monde. Les codes artistiques des marques y sont pour quelque chose également. La montée en puissance des rhums de mélasse – autres que ceux qui se sont faits les partenaires du sempiternel Mojito – a donné un nouveau mode de consommation à la catégorie en France, celle de la dégustation et du digestif. Réservé auparavant essentiellement au whisky.
Et puisqu’il s’agit d’une interview, je vais parler un peu de moi et de ma découverte du Rhum, qui a commencé par un millésimé Bally offert par mon père acheté aux Caves du Roy. J’en ai encore les arômes en mémoire, puis, à peine majeur, j’ai pu découvrir les petits salons de spiritueux tout juste lancés par Nicolas Julhès à l’époque (2007). J’y ai découvert les embouteillages Velier, le Port Mourant 1974, le Uitvlugt 1988, les Caroni bien sûr (le tout à un prix tutoyant à peine les 100 €). Ces rhums étaient des ovnis qu’on buvait millilitre par millilitre à cause de leur intensité… Sans aucune idée de la valeur que ces bouteilles auraient 15 ans plus tard… Pas de regrets, les belles bouteilles sont faites pour être partagées et bues !
Comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années selon vous ?
Pour moi, le rhum est la boisson spiritueuse fédératrice par excellence. Avec une palette aromatique extrêmement large et ses modes de consommation, le rhum touche un large public. J’imagine que les barrières de consommation sauter et que les consommateurs et consommatrices qui passeront du cocktail à la dégustation et vice versa, autant par les rhums que par les découvertes de moyens de le consommer.
C’est connu qu’en France, «on» a tendance à sacraliser les spiritueux perçus comme étant de bonne qualité, en refusant de les utiliser en cocktail. Or, comme un grand sage (désormais patron & caviste, les Coqs du Vin à Montfort l’Amaury, mais aussi en e-commerce, je recommande chaudement) m’a dit qu’il y a plus de dix ans, «faut pas avoir peur d’utiliser de bons spiritueux dans des cocktails, ça ne pourra que les rendre meilleurs». Le fait de les utiliser en cocktail vous apportera le plaisir du «Do It Yourself » !
Avez-vous une actualité dont vous souhaitez nous faire part ?
Je lance une nouvelle cuvée de ma collection Navi : Icare… qui aurait pu s’appeler Orion, quasi-anagramme du nom de la distillerie, vous l’avez? Il a bénéficié d’un an de vieillissement en fût de cette distillerie de Trinidad & Tobago fermée en 2002. Il a ensuite passé un an en cuve puis plusieurs mois en bouteille pour finir le mariage en douceur.
Le fut employé venait d’être vidé pour un embouteillage indépendant d’ExcellenceRhum -en fût unique et brut de fût (cask strength) de 1998 (23 ans d’âge)- puis a été rempli immédiatement par cuvée Rhum Navi afin de profiter d’un mariage frais des arômes respectifs.
Avec Colada Cocktail, je lance un atelier de création de rhums arrangés, avec la volonté de respecter la noblesse des rhums des Antilles françaises (pur jus agricole AOC & IGP) et de la Réunion (Traditionnel de producteur familial). Mais aussi d’utiliser le meilleur des épices, fraîches, sourcées en direct et avec une juste rémunération des producteurs via l’épicier Shira qui fournit les meilleurs restaurants 3 étoiles tout comme les traiteurs libanais et épiceries fines.
Que représente Rumporter pour vous ?
Un magazine polyvalent de passionnés, qui traite aussi bien les sujets de fond que l’actualité de la canne à sucre. C’est vraiment LE média du rhum, le pionnier et le maître incontesté du sujet… Une source de référence pour obtenir les bonnes informations. Au-delà de ça, c’est un magazine agréable à lire que nous prenons plaisir à présenter durant nos ateliers.