La maison réunionnaise fait le pari d’une croissance toujours forte pour ses arrangés à la Réunion et dans l’Hexagone malgré une concurrence acérée, ainsi que sur les marchés export. Tandis que son partenariat avec la Maison du Whisky lui ouvre les portes des cavistes. Rencontre avec Cyril Isautier, directeur des Rhums & Punchs Isautier.
Fabien Humbert : Alors comme ça, Isautier voit triple ?
Cyril Isautier : Nous allons en effet tripler nos capacités de production au niveau de la liquoristerie, là où sont fabriqués nos punchs et nos rhums arrangés. Cet agrandissement s’explique par la forte croissance du marché des rhums arrangés en France (Réunion et Hexagone), mais aussi par notre déploiement chez les cavistes via notre partenariat avec
La Maison du Whisky, et enfin par notre montée en puissance à l’international. Nos capacités actuelles de production ne nous permettent pas de faire face à la croissance à tous ces marchés à la fois.
FH : Comment cette croissance va-t-elle se concrétiser ?
CI : 18 cuves additionnelles d’une capacité allant jusqu’à 25 000 litres vont être installées dans une nouvelle unité qui sera construite à côté de la cuverie existante. Les travaux ont démarré mi-février et nous prévoyons qu’elle sera opérationnelle d’ici juin 2023. Cela va aussi impliquer au moins 6 embauches en lien direct avec le projet.
FH : Aurez-vous assez de rhum pour faire face à cette augmentation de la production ?
CI : En général nous distillons de mi-août à début décembre, mais nous sommes capables d’augmenter notre production pour distiller de juillet à fin décembre et de faire des campagnes de distillation intermédiaires si le besoin s’en fait sentir, en stockant de la mélasse. De plus nous disposons aussi de stocks de produits finis.
FH : Quel est l’horizon de cette montée en puissance ?
CI : Nous avons prévu de l’étaler sur 5 ans, si le marché suit bien sûr. Le marché des arrangés en France est très chargé, extrêmement bataillé, donc il faut aussi défendre nos positions. Mais en cas de forte demande, nous serons prêts à y répondre.
FH : Et quid des rhums vieux ?
CI : Nous avons aussi un projet d’extension de la distillerie avec le doublement de nos capacités de vieillissement en chais. Mais les autorisations administratives sont longues à obtenir. Nous venons de déposer le dossier d’autorisation environnementale.
Après, il faut compter sur 18 mois d’instruction. Donc les travaux pourraient débuter fin 2023, début 2025 et les nouvelles unités seraient opérationnelles en 2025.
FH : Qu’est-ce qui pourrait freiner le développement actuel d’Isautier.
CI : Actuellement, la guerre en Ukraine. Elle a de lourdes conséquences sur les prix et l’approvisionnement en matières sèches. Notamment en ce qui concerne les bouteilles. On doit se battre pour être livrés.
Le modèle de bouteilles qu’on utilise pour nos rhums vieux de 5, 7 et 10 ans, était fabriqué en Ukraine. Ce n’est bien sûr plus possible. On avait heureusement stocké des bouteilles, ce qui va nous permettre de terminer l’année, mais nous n’avons pas de garanties pour la suite. Il faut aussi compter sur le coût des bouteilles qui augmente, mais aussi le coût du fret.
FH : Lorsque nous vous avons rendu visite fin 2021, vous aviez le projet de transformer la maison familiale du domaine de Bérive en un lieu dédié au spiritourisme et d’y installer une distillerie de rhum agricole. Où en êtes-vous ?
CI : Ça avance doucement. Là encore, le plus compliqué c’est d’obtenir toutes les autorisations administratives. Nous sommes dans la phase de montage des dossiers. Nous espérons que la partie spiritourisme au niveau de la maison familiale sera opérationnelle en juillet 2024.
FH : Quelles sont les nouveautés qu’Isautier a récemment mis en marché ?
CI : Au Rhum Fest et au salon salon La Maison, de la Maison du Whisky (en avril), nous avons présenté notre nouvelle gamme d’arrangés, La Fresque des Arrangés, qui rend hommage au terroir de la Réunion. Nous avons aussi présenté les cuvées “Louis et Charles” un assemblage de rhums vieillis entre 8 et 15 ans , la cuvée “Alfred” (12 ans), la cuvée “Antoinette” (14 ans) et un rhum “15 ans Small Batch” avec Velier.