Avec sa gamme Rum Explorer, la Spiriterie Française propose des embouteillages ayant acquis la patine du maître de chai du château du Breuil, avant de bientôt distiller (à partir de mélasse) un rhum made in Normandie !
La dernière fois qu’on avait mis les pieds au château du Breuil au Breuil-en-Auge dans le département du Calvados (il y a 5 ans), on y distillait du cidre pour produire du calvados. On se souvient de ces monceaux de petites pommes attendant d’être pressées pour donner du jus qui sera mis en fermentation, et de ces « petites mains » qui cachetaient amoureusement à la cire chaque bouteille iconique.
On était alors dans la pure tradition normande du calvados. Quelle surprise de découvrir ce qu’il est devenu depuis un peu plus d’un an (en avril 2020, soit en pleine pandémie), et sa reprise par Frédéric Dussart et un pôle d’investisseurs ! A commencer par le nom qui a changé pour devenir la « Spiriterie Française-Château du Breuil Normandie ».
Loin d’être un banal rebranding, il s’agit là d’un nouveau départ pour ce domaine de 28 hectares doté d’un château (on s’en doutait) du 16e siècle classé aux monuments historiques. Puisqu’outre le calvados, il produit désormais du whisky single malt et embouteille du gin et du rhum. « Avec le calvados Château du Breuil, le whisky Breuil (brassé en Normandie, distillé et vieilli au château), le gin normand C’est Nous (micro-distillerie dont j’ai acquis 50%) et les rhums de notre gamme Rum Explorer, nous produisons quatre spiritueux d’exception », se félicite Frédéric Dussart.
Des rhums venus de loin qui deviennent des châtelains normands
Mais ce rhum, est-il vraiment normand ? Comme la canne à sucre ne pousse pas (encore ?) sous ces latitudes, la Spiriterie Française fait venir des rhums d’une dizaines de destinations et, soit les assemble (ce qui donne la cuvée « Caribbean » avec des rhums venus de différents pays des Caraïbes), soit les embouteille selon leur destination (par exemple Belize avec Travellers Distillers, Barbade avec Foursquare et Australia avec Beenleigh). Mais jamais tels quels, car les jus doivent auparavant acquérir une patine et gagner un supplément d’âme grâce au savoir-faire du maître de chai Philippe Etignard.
« Nous respectons le travail de celui qui produit et fait vieillir le rhum mais nous allons lui donner une identité qui correspond à celle des autres spiritueux que nous produisons ici, grâce à une période de maturation dans des fûts que nous avons sélectionnés », explique son adjoint François-Xavier Sobczak.
C’est ainsi qu’un rhum de Trinidad (Angostura), dont l’équipe avait identifié un arôme d’orange amère un peu à la manière des schrubbs créoles, a été maturé dans un ex-fûts de madère afin qu’il réhausse encore cet arôme. Et lorsque les jus sont déjà prêts en arrivant en Normandie, ils passent seulement en fûts de bourbon (chêne américain) de plusieurs rotations, afin d’acquérir cette fameuse patine propre aux spiritueux du lieu. Sachant qu’aucun ajout de sucre ou de colorant n’est pratiqué.
Les rhums en provenance exclusivement d’une seule distillerie sont âgés de 2 à 8 ans et coûtent tous 39 euros une fois en boutique. Et si pour le moment ce sont plutôt des rhums de mélasse qui sont ainsi embouteillés, la Spiriterie a comme projet de faire venir des rhums agricoles dans un futur pas si lointain.
Mieux, le château du Breuil pourrait devenir le berceau du premier rhum vraiment produit en Normandie, puisque l’importation de mélasse en vue de la distiller sur place fait aussi partie des plans de Frédéric Dussart !
Plus qu’un embouteilleur, un ambassadeur !
Mais la Spiriterie Française est (encore) plus qu’un producteur de calvados, de whisky, de gin et un embouteilleur de rhum. C’est aussi un distributeur avec un portefeuille bien fourni. « Nous sommes importateurs exclusifs de rhums mais aussi de whiskies, de portos, ou de vodkas d’un niveau de standard comparable au notre, que nous sélectionnons grâce à la dégustation, de façon à avoir un bon portefeuille de produits à proposer à nos clients », explique Frédéric Dussart.
C’est ainsi que les rhums Bacoo (République Dominicaine), Aldea (Canaries), Cartavio (Pérou), Ultimatum (blend de Guyana, Trinidad, Barbade et Jamaïque) ou Espero (Panama) ont rejoint l’aventure.
En plus de ses activités de producteur, d’embouteilleur et de distributeur, Frédéric Dussart veut aussi développer le spiritourisme. « Nous sommes à 2 heures de Paris, 20 kilomètres de Deauville et nous accueillons déjà 40 000 visiteurs par an, je crois beaucoup au spiritourisme », confirme-t-il. Les quatre spiritueux seront donc bientôt présents sur le domaine et auront leur parcours de découverte dédié.