Le compte à rebours pour tous les « Rum lovers » a commencé. Du 7 au 9 avril, Rhum Fest Paris accueille au Parc Floral tous les acteurs qui font le monde du rhum d’aujourd’hui : 40 exposants du monde entier, près de 200 marques mais aussi une pléiade de conférences et d’animations. Pour vous mettre en appétit, nous avons rencontré, ses créateurs, Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht pour nous livrer toutes les informations croustillantes sur cette prochaine édition.
Laurence Marot : Avez-vous quelques derniers chiffres clés du marché du rhum en France à nous communiquer qui prouve que ce spiritueux exotique est en plein boom ?
Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht : Le chiffre le plus parlant ces derniers temps, c’est celui des ventes en supermarchés. La personne qui pourrait t’en parler mieux que nous, c’est Nicolas Legendre, le directeur distribution France et Export de Damoiseau. Lors de nos derniers échanges, nous avons retenu qu’en 2017, le rhum a connu une croissance de 7% en France dans un marché des spiritueux plutôt déclinant en volume.
Par ailleurs, personne n’a encore trouvé de moyen d’agglomérer les ventes du secteur dit-traditionnel (cavistes et CHR) et là, pas besoin d’avoir la calculette pour se rendre compte que ça explose d’année en année.
LM : Rhum Fest Paris, Rhumfest Berlin, Rumfest Londres, quelles sont les différences et points communs des trois salons ?
CH – AG : Le rhum !!! Plus sérieusement, Paris et Berlin partagent la variété des marques et des origines présentes. Une offre liée à la nature des réseaux de distribution qui permettent à nos deux pays une diffusion efficace et peu couteuse pour les producteurs à petite échelle.
Avec Londres, Rhum Fest Paris partage (et lui a emprunté) le côté festif et décontracté. N’oublions pas que le premier Rum Fest est né à Londres à l’initiative de notre maitre à tous : Ian Burrell.
LM : Comment vous répartissez-vous les tâches Anne et Cyrille : la gestion des exposants pour Cyrille et la direction artistique et les animations pour Anne ? Ou l’inverse ?
CH – AG : Dans les grandes lignes ce que tu dis est vrai mais en fait c’est vraiment une symbiose. Qui de nous deux inspire l’autre ? Va savoir. Mais sans Anne, le Rhum Fest serait un château de cartes devant affronter un cyclone. Et n’oublions pas Jérome Vallanet et tous les autres. C’est un vrai et gros travail d’équipe. Et notre équipe elle est vraiment au top cette année.
LM : La campagne visuelle de Rhum Fest 2018 illustre un Paris logé dans une bouteille. Qui en est l’auteur ? Le paysage est très urbain cette fois-ci .Y a-t-il une parabole derrière cette illustration ?
CH – AG : C’est Joan Ceccaldi, un corse qui vit à Marseille et dont Anne avait repéré le travail en se baladant du côté du Panier. C’est un affichiste de talent, plus artiste que graphiste avec qui nous avons débuté notre collaboration sur Rhum Fest Marseille 2017. Il travaille beaucoup localement (Aix en Provence – Marseille), notamment sur des festivals de musique comme les « Fiesta des Sud » dont il assure la créa et ensuite l’habillage signalétique.
Pour Paris, nous avons fait un repérage avec lui et il nous prépare pour le salon un truc épatant. Bienvenu à Joan Land !
LM : Quelles sont les attentes de vos visiteurs aujourd’hui ? Rencontre avec les producteurs, la dégustation, les conférences sur des thématiques très fouillées, le rhum et le cocktail ?
CH – AG : A part l’évocation de la boutique de Christian de Montaguère et le nouveau resto éphémère (Aux deux Amis – rue Oberkamp), tu as tout résumé dans ta question. Et surtout passer un agréable moment d’évasion au sortir de l’hiver. Comme tous les ans en fait. Le rhum Fest Paris c’est le printemps et dieu sait si on en a besoin parce qu’on en a bavé avec cet interminable hiver 2017-2018.
LM : Rhum Fest Paris présente un panoramique des rhums produits dans le monde entier. Quatre nouvelles origines participent à cette session 2018 : Le Laos, Le Vietnam, La Californie et La Nouvelle-Calédonie. Ces pays sont des jeunes producteurs de rhum ? Quelles sont leurs typicités ?
CH – AG : Nous avons hâte d’y être pour rencontrer ces nouvelles maisons et explorer toutes les saveurs de leur rhum. C’était assez compliqué de faire venir en amont leurs produits mais on vous en parlera très prochainement dans Rumporter dès qu’on aura mis la main sur les premiers échantillons qui sont arrivés directement chez Excellence Rhum qui nous a filé un solide coup de main pour dédouaner tout ça..
LM : Pour la première fois, le salon met à l’honneur le rhum brésilien, la cachaça, encore associée à l’image d’une production industrielle et au fameux cocktail festif et peu quali, la caïpirinha. Ce spiritueux a un potentiel aujourd’hui sur le marché français ? En dégustation ou en cocktail ? Citez-nous quelques maisons présentes sur le salon et encore confidentielles ?
CH – AG : La cachaça produite par des milliers de distilleries artisanales au Brésil est en fait tout le contraire de cette image industrielle qu’elle affiche depuis des années. Savais-tu que la plupart des rhumiers antillais se procurent les pièces détachées des machines à vapeur du Brésil, un immense musée à ciel ouvert de l’industrie de cannes, de sucre et de rhum.
Ce morcellement de l’offre de toutes ces petites maisons artisanales sans moyen d’exportation ne favorise pas la culture de la vraie cachaça hors de ses frontières. Heureusement, quelques passionnés comme Philippe Mille (ex Leblon) ou Dimitri Perez (Apotheka) embraient actuellement le pas après des marques connues aujourd’hui dans le paysage du rhum brésilien artisanal comme Avua ou Germana. Espérons que la cachaça suive un destin « à la mezcal ». En tous cas c’est à suivre ! La France adore le Brésil donc y a pas de raison que cela n’arrive pas.
LM : Quelles seront les nouveautés explosives exposées sur le salon ?
CH – AG : Voici quelques « Usual suspect »s pour te mettre en haleine : Velier, HSE, 3 Rivières, La Favorite, Longueteau, Dugas qui nous prépare un gros truc … Ah Laurence, la liste est trop longue ! Sache quand même ceci : notre Jérome Vallanet national et son complice Cédric Moreau ont bossé plus de 4 mois pour donner à toutes ses maisons les écrins qu’elles méritent, les fameuses boxes à Jéjé qui s’inscrivent durablement dans le paysage certes éphémère de l’évènement. Ca va voyager dans tous le sens.
LM : On trouve à nouveau en tête d’affiche des conférences les vedettes du rhum Luca Gargano et Alexandre Gabriel. Rhumfest Paris ne serait pas Rhumfest Paris sans ces deux mastodontes du rhum ? D’ailleurs sur quels sujets reposent leurs conférences ?
CH – AG : Nous n’avons pas encore les informations sur leurs conférence mais nous sommes ravis de les avoir tous les deux à une heure d’intervalles. Luca ne pourra pas finalement se joindre à nous car il reçoit 1500 personnes à Naples le jour de sa conférence. Mais comme c’est un homme de parole, il s’est engagé à nous l’animer en visioconférence. J’espère qu’il n’aura pas de couac parce que c’est une première pour nous. Ceux sont en effet deux mastodontes, deux grands connaisseurs, deux « génies » chacun dans leur domaine et deux très grands amoureux du rhum. Et pourtant, ils ne sont d’accord sur rien, tout en se respectant. C’est le charme du rhum !
LM : Vous proposez pour la première fois des cours de cocktails avec Havana Club et sa «Cocktail School Box » à travers le grand classique « cancha », la mixologie prend-elle une place de plus en plus importante dans le monde du rhum ?
CH – AG : Tu es bien placée pour savoir qu’elle l’a toujours été. Il suffit d’ouvrir un livre sur les cocktails pour s’apercevoir que le rhum fait partie de la composition d’au moins une recette sur trois. La raison est sûrement liée au fait de l’origine américaine de la culture cocktail. En tous cas, c’est celle qui s’est imposé aujourd’hui au niveau mondial…Un clin d’œil à notre ami Stephen Martin ! Les Etats-Unis ont été pendant très longtemps surtout des consommateurs d’eau de vie canne.
LM : Vous présentez en avant-première le dernier jour du salon « Cuba in a Bottle» de Ben Holman et Charlie Imman ? Parlez-nous un peu de ce film et quand la sortie est prévue en France ?
CH – AG : Havana International nous a fait un petit cadeau avec ce film, par l’intermédiaire des équipes d’Havana Cultura. Nous avons eu l’opportunité de le visionner via un lien caché qu’ils ont bien voulu nous révéler. C’est un film magnifique qui rend hommage à Cuba, à sa musique, et à son âme afro-caribéenne. Cela va te sembler un peu paradoxal, mais à notre avis, le film est un peu trop focalisé sur le rhum pour la deuxième partie.
C’est légitime connaissant l’origine du financement de ce documentaire. Nous n’avons cependant aucun doute sur l’amour sincère porté par les équipes d’Havana Cultura à Cuba. Comment faire autrement que d’être amoureux de Cuba ? Le film sera certainement soumis à quelques modifications de montage puisque sa diffusion sur les chaînes de télé est encore en cours de négociation. Attention, cette projection dans le cadre Rhum Fest est dans un cadre très VIP puisque seule une petite vingtaine de personnes pourront assister à la projection.
LM : Le Rhum Fest Award, « le plus grand concours du monde du rhum », change quelques peu ses règles : catégories réduites, disparition du taux de sucre et nouveau système de notation. Le classement passé manquait de visibilité pour le consommateur ?
CH – AG : Oui, on essaie de mettre en place quelque chose parée d’une lecture un peu plus simple pour le grand public qui n’est pas forcément un spécialiste. On s’est aperçu que d’année en année, on se spécialise nous-mêmes et on a fini, pour des raisons logiques, de comparer des choses comparables qui induisent une surcharge de catégories.
Marc Battais et Jean Marie Cornec, les deux organisateurs de Rhum Fest Award nous ont fait une proposition plus allégée du concours et on est tombés tous d’accord. Ceci dit, cela reste encore une usine à gaz.
LM : Quel était votre plus beau souvenir de Rhum Fest 2017 ?
CH – AG : Les interviews Saucisse !
Rhum Fest Paris
DU 7 au 9 avril 2018 – Parc Floral de Paris