Avant eux, les whiskies japonais ont ouvert une large brèche en remportant de nombreuses distinctions, entraînant un regain d’estime chez les producteurs et même la création d’une petite distillerie artisanale de whisky de malt : Chichibu. C’est en visitant cette dernière que Yoshiharu Takeuchi a appris à distiller durant trois jours et a décidé d’utiliser de petits alambics pot still écossais en cuivre. Son but était de produire un rhum japonais d’un nouveau genre.
Les rhums ne sont pas encore bien reconnus au Japon.
Pour relever ce pari ambitieux, il privilégie les ingrédients japonais et porte une attention toute particulière à son approvisionnement en eau, dont la pureté est essentielle à la production de boissons de qualité dans l’archipel. « Les meilleures eaux du Japon se trouve sur l’île principale de Honshu. Heureusement pour moi, j’ai pu parvenir à un accord avec le propriétaire d’une source d’eau sans influence d’aucune grande entreprise près du lac Biwa, le plus grand du pays. Une eau exceptionnelle ! » Il reconnaît que la qualité de l’eau minérale joue un rôle extrêmement important durant la fermentation du sucre brun et donc influe sur la qualité finale du rhum après distillation.
D’un point de vue technique, le procédé de fabrication s’inspire très largement des standards de l’industrie du whisky japonais, reconnaissant à la fois le caractère « divin » de la fermentation (nous dirions plutôt « la magie » de la création des arômes) et scientifique de la production, et notamment la distillation. La philosophie de production est toute japonaise, comme le montre le soin porté à l’approvisionnement en eau, avec un caractère artisanal revendiqué. « Mon but est de créer un rhum qui incarne mes idées et ma créativité, entièrement produit dans mon champ de vision ». La démonstration de ce que les Japonais appellent le monozukuri, l’esprit de l’artisanat nippon dont le perfectionnisme n’est plus à démontrer, auquel la famille de Yoshiharu san est très attachée depuis plusieurs générations, alors qu’ils étaient encore producteurs de pièces pour l’industrie automobile.
« Je me suis lancé dans la production de rhum pour pouvoir démontrer aux consommateurs ce qu’est le cœur du monozukuri », revendique-t-il fièrement. « Les rhums ne sont pas encore bien reconnus au Japon », nous indique Yoshiharu san, « ils servent avant tout pour les cocktails popularisés principalement par Bacardi et Havana Club, mais les Japonais doivent apprendre à les apprécier en dégustation pure. » Et il est vrai que ce premier rhum Nine Leaves Clear 2013 à 50% est des plus prometteurs. Kampaï !