Pour les 10 ans de votre magazine favori 20 personnalités décryptent les 10 dernières années, et donnent des pistes de réflexion pour les 10 prochaines…
Comment le marché du rhum a-t-il évolué au cours des dix dernières années ?
Selon moi, il y a quelques changements positifs et d’autres moins. Je vais en évoquer trois.
C’est avant tout, une démultiplication des acteurs (et donc des produits proposés), l’offre n’a jamais été aussi fournie. Cela va de pair avec une grande diversité des origines. Les Caraïbes et l’Amérique Latine restent les deux grandes régions, avec tous leurs « styles » de rhums, mais on a vu apparaître des rhums d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Nord ou encore des îles de l’Atlantique.
C’est personnellement quelque chose qui me plaît beaucoup : découvrir de nouveaux profils rhumesques liés à des cultures que l’on n’a pas l’habitude de voir dans ce monde-là. Mais cette offre est également liée à un besoin pour les distilleries et les embouteilleurs de se faire remarquer au travers de nouveautés, d’innovations ou de campagnes marketing. Par moment j’ai eu cette image d’un coureur qui doit accélérer pour ne pas tomber, mais jusqu’où ?
La seconde évolution majeure a été la hausse des prix (et c’est loin d’être fini). Elle s’explique par différentes raisons, qui varient grandement selon les maisons et les politiques d’entreprise. Bien sûr, il y a des causes exogènes, telles que la hausse des coûts liés aux matières sèches ou ceux de l’énergie et des transports, mais elles n’expliquent pas tout. J’aimerais noter qu’il est souvent établi un lien entre hausse des prix et spéculation, mais c’est pour la seconde qui, dans bien des cas, a entraîné la première, pas l’inverse.
Pour finir, au sein de cette offre grandissante, on trouve de plus en plus de rhums destinés aux connaisseurs : bruts de fût, rhums non édulcorés, millésimés, blancs à haut degré… Je ne vais pas m’en plaindre. Cependant, n’oublions pas que l’essen- tiel du marché du rhum (et des spiritueux en général) se trouve en grande distribution.
Comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années ?
Je ne vois pas cette montée tarifaire ralentir de sitôt. On a vu ces dernières années des prix grimper et atteindre des sommets même sur des références jeunes; je ne pense pas que cela cesse. Je suis partagé à ce sujet, d’un côté cela veut clairement dire qu’un bon paquet d’amateurs – moi le premier – vont acheter beaucoup moins et d’un autre côté cela veut (parfois) dire que les producteurs gagnent mieux leur vie, alors que cela n’a pas toujours été le cas.
Il est certain que d’autres acteurs vont encore faire leur apparition : nouvelles distilleries, nouvelles marques de rhum arrangé, nouveaux embouteilleurs… Je me demande s’il y aura de la place pour tout le monde à l’issue de la décennie qui se profile. Par ailleurs, les marques vont continuer à essayer de détecter quelle sera la nouvelle mode et s’y engouffrer, ou bien de suivre les pionniers. Il est rare de voir une nouvelle distillerie pointer le bout de son nez chez un embouteilleur indépendant, sans qu’on ne la voie fleurir chez beaucoup d’autres les semaines et mois qui suivent.
Avez-vous une actualité dont vous souhaitez nous faire part ?
Avec mes acolytes, nous reprenons, pour la cinquième saison, le Single Cast, le podcast dédié au rhum. Alors, à vos plates- formes d’écoute ! En cette saison de salons de la rentrée, je serai très actif sur le blog (les rhums de l’homme à la poussette) et les réseaux sociaux associés. C’est également ma participation aux magazines Caveman et Barmag qui reprend avec la rentrée.
Que représente Rumporter pour vous ?
À mes débuts, Rumporter a été, avec le blog Durhum.com, mes deux sources d’informations écrites. J’y ai beaucoup appris et c’était parfait en parallèle de mes dégustations, bien souvent chez les cavistes parisiens (A’Rhûm et Christian de Montaguère). Et puis Rumporter, c’est aussi le premier magazine pour lequel j’ai écrit. C’était il y a 7 ans déjà ! Merci encore de m’avoir fait confiance.