Le chef créatif Benjamin Rousseaux, collaborateur pour Rumporter et second de Simon Scott aux Bistrots des Saveurs, vient d’ouvrir cet été L’Artist à Castres, son premier établissement, en lien avec le rhum. L’occasion pour ce « Food Doctor » d’exprimer tout son talent culinaire et artistique, et sa passion pour ce spiritueux aux milles saveurs.
Laurence Marot : Chef, artiste, collaborateur pour Rumporter, te voilà coiffé d’une nouvelle casquette, propriétaire d’un restaurant à Castres, L’Artist. Qu’est-ce qui t’a incité à lancer ce nouveau projet ?
Benjamin Rousseaux : L’idée de cette nouvelle aventure nous est venue, à mon épouse et moi, dans le but de passer enfin du temps ensemble. Nous avions des horaires trop décalés depuis des années. Ma femme venant du commerce et à son compte depuis 24 ans et moi 30 ans de métier en cuisine, cela nous a donné envie d’unir nos professions et nos expériences afin de voler de nos propres ailes. C’est un projet qui a mis un an à se matérialiser, le temps de trouver l’emplacement, réfléchir au concept et bien sûr obtenir le financement.
LM : Quel est le concept du restaurant : une cuisine inspirée de tes origines réunionnaises avec des produits locaux ?
BR : C’est exactement ça ! Je me fournis auprès de producteurs locaux et je fais le marché tous les jours. Je ne travaille que des produits frais et tout est conçu « maison »
avec des menus qui changent tous les midis et tous les soirs. La formule du déjeuner est une cuisine très simple proche du concept bistrot. Le soir, le menu est plus élaboré et je m’amuse à déstructurer les plats dans un esprit plus gastronomique. Quand on me demande mon style, je réponds une cuisine « fusion ». Je laisse mon imagination et ma créativité libres de chercher et trouver toujours des mariages de saveurs uniques sublimées par des dressages esthétiques.
LM : Quel est le paysage gastronomique de Castres aujourd’hui ?
BR : Nous sommes une petite ville, et on y trouve toutes sortes de restauration, du kebab jusqu’au « gastro ». Les bars à tapas sont aussi assez présents mais on peut dire aujourd’hui que nous sommes une poignée de chefs à proposer une cuisine personnalisée, travaillée, recherchée et de qualité.
LM : Ta collection de photos culinaires s’agrandit. Le restaurant va-t-il te servir de galerie d’art pour présenter l’évolution de ton travail d’artiste ?
BR : Mes photos sont plus du Food-art que de la photographie culinaire. Je me sers de la salle du restaurant pour y exposer mes œuvres qui changent en fonction des saisons et des événements (fêtes de mères et des pères, Saint Valentin, Halloween, Noël, etc.). Ayant baptisé notre restaurant « L’ARTIST » je ne pouvais pas mettre autre chose que mes photographies.
LM : Tu réalises pour Rumporter des recettes à base de rhum, celles-ci vont-elles t’inspirer pour la cuisine du restaurant ?
BR : Oui tout à fait, je mets à profit les associations de saveurs que j’ai découvertes avec mes recettes créées pour Rumporter tout comme les dressages. Je travaille aussi beaucoup le rhum pour des flambages, déglaçages ou encore en marinades sucrées ou salées. En fait, j’ai remplacé tous les alcools qu’on utilisait en cuisine par du rhum.
Je suis également en lien avec un club d’amateurs de rhum de la région, le Rhum Club Occitanie. Nous projetons de réaliser en commun des repas où je mettrai en avant les recettes créées pour Rumporter, accompagnées de dégustation de rhums. Un repas accord mets et rhums en quelque sorte.
LM : Tu vas proposer une carte étoffée de rhums, comment as-tu réalisé ta sélection ? A l’aide d’un spécialiste ? Ou bien d’après tes propres découvertes et coups de cœur au fil de ton travail pour Rumporter ?
BR : Ma carte des rhums est en effet essentiellement constituée de découvertes et coups de cœur au fil de toutes les rencontres sur les différents Rhum Fest Paris et Marseille mais aussi de trouvailles liées aux recettes pour Rumporter. L’idée aussi de proposer à nos clients des rhums méconnus mais aussi inédits sur Castres en faisant abstraction des grands classiques que l’on peut retrouver un peu partout. D’ailleurs les rhums sont les seuls digestifs à la carte.
LM : La clientèle de Castres a plus une culture du vin que du rhum. Comment vas-tu éduquer tes clients aux saveurs de ce spiritueux ?
BR : On a tous remarqué que le rhum subit une montée en flèche depuis ces dix dernières années et Castres n’as pas été épargnée par ce phénomène. Le rhum avait ici déjà sa notoriété avec des marques populaires. Je connais déjà pas mal de ses disciples dans la ville. Mon objectif est de montrer à ma clientèle que le rhum se caractérise par de multiples facettes et une multitude de provenances. C’est le fait d’éveiller et de nourrir la curiosité des clients qui me plaît, et aussi de partager mes connaissances avec eux dans ce domaine.
LM : Vas-tu proposer des menus food pairing avec le rhum ? Quels types de rhum s’accordent le mieux avec des mets ?
BR : J’ai ce projet en cours de réalisation avec le Rhum Club Occitanie et les menus accords mets et rhum. Si le concept séduit la clientèle castraise, nous le transformerons, par exemple, en un rendez-vous mensuel. Une chose est sûre, cette idée ne me quitte plus la tête. Tous les rhums s’accordent en cuisine. Qu’il soit blanc, ambré, vieux, arrangé ou spiced, ils proposent tous leurs palettes de parfums uniques. Il faut juste savoir les sublimer dans une recette et certains ne demandent même pas d’être cuit.
LM : Vas-tu proposer une carte de cocktails ?
BR : Pour le moment, nous avons mis en avant deux cocktails : en apéritif, le ti-punch classique que l’on peut agrémenter du rhum de son choix proposé à la carte et en digestif maison, le cocktail « Black Rose » mentholé à base de rhum blanc, sirop de canne, café et branche de menthe. Selon leur succès, on verra si on doit changer ou étoffer l’offre cocktails.
LM : Ta vision d’artiste sera-t-elle visible dans les assiettes ?
BR : Elle sera plus perceptible dans les associations de saveurs que dans les dressages même si je m’amuse à déstructurer ou sortir des présentations classiques pour imaginer des assiettes ludiques. Je pense que mon travail en tant qu’artiste vient alimenter mon esprit de liberté et de désinvolture. J’essaie d’aller encore plus loin et de ne mettre aucune limite dans mes associations de textures ou de saveurs.
L’Artist
➔ 28, rue Henri IV – 81100 Castres-Sur-L’Agout
Tél : 05 63 72 32 05