Ouvert en septembre 2016 à Montélimar, le Kraken est un lieu hybride, à la fois bar à bières et à rhums, mais aussi cave où sont disponibles les deux passions de Gautier Long, son créateur. Il est aussi à l’image de son parcours professionnel.
Originaire de Montélimar, Gautier est parti dans le Nord pour faire des études de commerce et de management. Immanquablement, il y découvre la bière, tant belge que française. Une fois diplômé, direction Annecy pour un poste au rayon frais d’un magasin Casino. Cela ne durera guère, et il se retrouve rapidement au rayon Liquides du Carrefour d’Ecully, où il organise une foire à la bière, une grande première pour la région… et pour l’époque.
C’est un succès, mais Gautier se sent plus d’atomes crochus avec un métier de commercial que de manager de rayon. Alors, lorsqu’il apprend que la brasserie Spaten recherche un agent pour développer leurs bières dans le Sud de la France, il saute sur l’occasion. Pendant trois ans, il va visiter les cafés et les bars de sa région pour le compte de la brasserie munichoise. Mais celle-ci, rachetée par le groupe InBev, n’a plus besoin de ses services.
Transformer les néophytes en connaisseurs
Désireux d’être enfin son propre patron, Gautier Long crée en 2006 sa propre entreprise à Montélimar, Cash Drinks, vendant au départ toutes les boissons du marché aux professionnels du CHR, puis aux particuliers. Progressivement, il va la recentrer uniquement sur les bières spéciales et artisanales, un secteur de plus en plus porteur. Mais, cherchant un contact plus direct avec les consommateurs, il finit par ouvrir son bar-cave où il peut se consacrer à sa passion pour le rhum et les cocktails, sans oublier la bière bien sûr.
Gilbert Delos : Kraken, c’est une marque de rhum bien connue aujourd’hui. Pourquoi l’avoir choisi comme nom pour ton bar ? Avec l’accord de la distillerie ?
Gautier Long : Je cherchais un nom qui ait un rapport avec le rhum en général. D’autre part, je suis amateur de vieux films fantastiques. Le Kraken est donc à la fois un poulpe géant qui coule les bateaux, un rhum épicé de bonne facture, accompagné d’un très joli marketing : bouteille victorienne, magnifiques représentations sur www.krakenrum.com.
«The Kraken black spiced rum» étant une marque déposée, pour la communication extérieure (enseigne, flyers…), je ne peux utiliser ni le logo ni la bouteille, d’où la création d’un nouveau logo et d’une autre bouteille. Par contre pour l’intérieur du bar, je suis libre de communiquer sur la marque avec des reproductions issues de leur site internet. La marque a aussi fourni du matériel publicitaire : verres, seaux à glaçons, cadeaux clients pour soirées…
GD : Te souviens-tu de ton premier rhum, et de celui qui t’a le plus marqué jusqu’à présent ?
GL : Le premier rhum dégusté qui m’a fait aimer le rhum est l’Angostura 1919 lors d’une dégustation à Lyon en 2006 organisée par la société Dugas. Je suis très ouvert sur les différents types de rhum. Si je devais en choisir un, ça serait l’Eldorado 12 ans du Guyana.
GD : Quelle était ton idée de base quand tu as monté cet établissement ?
GL : J’ai ouvert ce bar cave pour faire partager ma passion du rhum à mes clients. Je recherchais un échange interactif et direct que je pouvais difficilement mettre en application dans mon précédent travail. Pour l’instant, j’ai plus de néophytes que de vrais connaisseurs, et ils sont un peu perdus face à l’étendue du choix que je propose. Mais je suis là pour les aiguiller, notamment en proposant un plateau de dégustation. Dans une petite ville comme la mienne, je suis peut être en décalage de ce qui se fait à proximité, mais du coup c’est ce qui en fait aussi ma force, être un précurseur. Si certains viennent au Kraken par hasard, la plupart arrivent par le bouche à oreille ou les réseaux sociaux. Alors, la magie du rhum s’opère, et j’en suis presque étonné finalement.
GD : Quelles sont les dernières références que tu as rentrées ?
GL : J’ai rentré le Bayou spiced de Louisiane, le Gold of Mauritius 5 ans de l’île Maurice et le Beenleigh honey liqueur d’Australie.
GD : Quel type de rhum se vend le mieux dans ton établissement ?
Les vieux rhums doux de tradition espagnole et le Kraken en spiced.
GD : Vers quels types de rhums vont ta préférence pour créer un cocktail ?
GL : Pas de préférence : j’utilise des spiced, des blancs agricoles, des anejo, des bien relevés comme le jamaïcain J.Wray & Nephew White Overproof que j’utilise pour le Zombie ou le Reggae rum Punch.
GD : Quels sont les ingrédients qui se mélangent le mieux avec le rhum… en dehors des fruits bien sûr ?
GL : J’aime utiliser le ginger beer et le ginger ale, mais il ne faut pas oublier les sirops ou les liqueurs, les jus de fruits, l’incontournable menthe fraîche pour le Black Mojito.
GD : Quel est le rhum le plus complexe à travailler en cocktail ?
GL : Je dirai juste qu’il faut faire attention au dosage des rhums ayant un taux d’alcool élevé. Sinon, je pense que c’est le sirop qui demande le plus d’attention en raison de ses caractéristiques d’exhausteur de goût ou son pouvoir sucrant.
GD : Quelles distilleries as-tu eu l’occasion de visiter, et chez lesquelles aimerais-tu pouvoir aller un jour ?
GL : J’ai eu l’occasion de visiter quasiment toutes les distilleries martiniquaises : JM, Crassous de Médeuil à Macouba m’a le plus marqué, mais aussi Clément, Depaz, La Mauny, Reimonenq en Guadeloupe, Poisson (Père Labat) à Marie-Galante.
Un prochain séjour à l’île Maurice est prévu….
GD : Où te vois-tu dans dix ans ?
GL : Je souhaite élargir ma carte de rhums chaque année pour faire découvrir sans cesse de nouveaux trésors et pense proposer d’autres spiritueux méritant une certaine reconnaissance.
Le Kraken
6 chemin Fortuneau (proche de la RN 7)
26200 Montélimar.
Ouvert du mercredi au dimanche à partir de 17 h.