Île Maurice – Interview : Florence de Coriolis, Gray’s

Île Maurice Florence de Coriolis

Comment se porte la production de canne à sucre à Maurice ?

En 2024, la production de canne s’élevait à 2 195 800 tonnes (–10,5 % par rapport à 2023). L’estimation de la production de canne est d’environ 2,2 millions de tonnes, pour environ 220 000 tonnes de sucre pour la campagne 2025.

La filière sucrière reste importante dans le paysage économique mauricien. Maurice vendant son sucre sur le marché mondial, les prix n’encouragent pas les planteurs à maintenir leur activité. De plus, les aléas climatiques compliquent les choses.

Le secteur a dû se rationaliser. Aujourd’hui, l’île Maurice compte 3 usines principales (Terra, Omnicane et Alteo) au lieu d’une centaine il y a un siècle.

Quels sont les défis, écueils qui expliquent la baisse de production ?

La saison 2024–2025 a souffert d’une sécheresse marquée : hauteur des tiges réduite de moitié par rapport à la normale début 2025, avant que des pluies de redressement arrivent en début avril au lieu de novembre !

L’irrigation était interdite, seules les cannes pluviales ont eu une croissance normale en début de saison. La pénurie de main-d’œuvre est également un défi persistant, ainsi que l’expansion immobilière qui réduit la surface consacrée à la canne, et fragilise la production de sucre et de mélasse.

Quel impact sur la mélasse ?

Une campagne sucrière réduite génère moins de jus de canne, donc moins de sucre, et proportionnellement moins de mélasse. Cela peut créer une rareté de matière première pour les distilleries utilisant la mélasse.

Quel impact sur la production de rhum ?

Cela impacte directement le coût de production du rhum de mélasse vu les volumes réduits. Certains pensent donc à miser davantage sur le jus de canne. L’idée est aussi de valoriser la qualité plutôt que la quantité : progresser vers des produits avec plus de valeur ajoutée, afin de compenser la baisse des volumes.

Il est également nécessaire de renforcer le discours « terroir et authenticité » dans un contexte climatique instable. Dans ce sens, nous travaillons activement sur le développement d’une indication géographique.

Cette démarche s’inscrit dans une stratégie globale de promotion du terroir et de ses spécificités, positionnant Maurice comme un acteur incontournable du secteur rhum. La baisse de la production de canne à sucre fragilise à court terme la filière rhum, mais pousse l’industrie mauricienne vers une montée en gamme, une meilleure valorisation du terroir et une approche plus durable.