Vous souhaitez faire plaisir ou vous faire plaisir ? Voici les rhums les mieux notés en 2019 par Rumporter : du bon, du très bon, de l’exceptionnel !
Dillon Carafe XO Millésime 2004, Rhum Vieux Hors D’âge 43%
Fûts de chêne américains et finition en fût de chêne français
Nez : Attention, bombe aromatique en approche, une explosion d’effluves assez segmentantes mais d’une absolue profondeur, où l’on retrouve ce côté très rafraîchissant de la caïmite – cette pomme de lait si présente en Martinique – et que l’on appréciait tant dans la cuvée Princesse chez 3 Rivières. Les strates aromatiques s’accumulent et le gingembre apparait, contenu par le sureau noir et la mangue. Par sa complexité et sa profondeur, le nez est d’une absolue élégance.
Bouche : Toute en énergie, elle gagne encore en vivacité du fait de sa structure aromatique où chaque facette renvoie à la fois à ses fruits de haute lignée (les notes de maracuja et de fruit de la passion violet sont intenses), sa fraîcheur exceptionnelle (mirabelle, coing) et son miel d’anis qui complète ce somptueux tableau.
Finale : Elle offre une trame complexe et tonifiante sur l’épicée-camphrée (le manuka), le fruité vif (goyave) et le floral frais et miellé (chèvrefeuille) pour offrir un nectar propice à la fois à la dégustation et aux plaisirs de la consommation.
Rhum Bielle 2007, mise en vieillissement de 2008 à 2018 Edition Limitée La Compagnie du Rhum 10 ans
Fûts de chêne américain ex-Bourbon, Fût unique : 182, Brut de fût : 54.3%
Le terroir c’est celui de Marie-Galante, au vent des Saintes, en plein centre de l’île aux 100 moulins, au sud-est des côtes de la Guadeloupe dont elle est rattachée administrativement. Depuis le port de Grand-Bourg encombré des casiers de pêche la nationale 9 monte au plateau calcaire de la section « Bielle » qui culmine à 110 mètres d’altitude. Sur la piste vers Clerange il n’est pas rare de croiser les bœufs-tirant qui soulèvent cette terre noire gorgée des pluies de saison. Leurs couleurs contrastent avec les alentours verdoyants des champs canniers : des 20 hectares que comprend la propriété à la centaine de petits planteurs locaux qui l’approvisionnent.
Chaque facette de la structure aromatique de ce rhum renvoie à la fois à sa dominante miellée (miel de citronnier), fruitée (cédrat corse) ; mais également à son côté marin. A l’arrière-scène se joue une partition complexe où la crème de pistache s’allie à la gelée de coing et à la poudre de cacao : attention merveille. La composition ne s’arrête pas là et le gianduja rentre en scène ainsi que le kaki et l’abricot-pays. La finale est aussi subtile que gourmande sur la noisette et le bois de santal. Puis vient l’élégance absolue du citron présent ici dans tous ses états, véritable marqueur de certains des plus grands crus de la distillerie. L’un si ce n’est le rhum de l’année.
Tres Hombres Bielle Antan Lontan – Millésime 2008 8 Ans, Batch 1 – Marie-Galante – 54.8%
Nez : ample et tranchant. Tous les plus beaux marqueurs de cette magnifique distillerie sont là : palissandre suivie de sa déclinaison infinie d’agrume (citron bergamote, citronnelle, cédrat). Le buisson d’ajonc vient donner une touche miellée. La suite s’enchaîne tout en subtilité sur l’amande, les notes capiteuses de fleur de prunier et la noisette.
Bouche : profonde et expressive, avec une première promesse huileuse sur la papaye, l’abricot-pays et la banane plantain. La groseille blanche vient offrir une acidité pétulante. Le dernier acte, pâtissier et exubérant glisse sur le cake fondant aux fruits du verger et le kaki qu’accompagne un vanillé structurant.
Finale : longue, complexe et précise, elle reprend les notes majeures développées au nez et en bouche pour se poursuivre sur le gingembre et le jus de canne.
Mount Gay – Pot Still Rum 10 ans – 48%
Ce rhum de mélasse a été distillé en 2009 exclusivement en pot still et mis en bouteille en 2019. Il s’agit d’une des premières réalisations de Trudiann Blanker.
Nez : très fruité, il est marqué dans un premier mouvement par de belles notes d’ananas et de longane pour devenir de plus en plus précis et aéré. Les notes florales font alors la part belle à la fleur d’oranger et à la camomille.
Bouche : confirme le nez sur le fruit, elle évolue sur la goyave, la banane et le fruit du jacquier. La texture est à la fois ronde et parsemée de légères pointes acidulées.
Finale : délicate et persistante, la finale laisse d’abord ressortir le camphre et les fruits à coque. L’huile d’amande confère une belle tonicité, et l’ensemble fait preuve d’une texture et d’une persistance remarquables.
Foursquare – Patrimonio, Single Blended Rum, Double Maturation 58%
Réalisé par Habitation Velier en collaboration avec Richard Seale à partir de rhums de mélasse issus de la distillerie Foursquare : un rhum de 14 ans exclusivement vieilli en fûts de bourbon et un rhum vieilli 10 ans en fûts de Bourbon puis 4 ans dans des fûts d’ex-Sherry.
Nez : élégant et racé il se développe sur des notes florales prononcées : rose, églantine, pot-pourri, hibiscus et tabac frais. Les strates olfactives se succèdent devenant plus structurantes à l’aération : sur un boisé fin et harmonieux (bois de rose).
Bouche : complexe et soyeuse, marquée par la badiane et le mochaccino. Jolie pointe d’amertume en fin de bouche.
Finale : ample et évolutive, on sent que les fûts de sherry ont joué à plein ici, rajoutant une strate aromatique supplémentaire, gorgée de fruits rouges très appétissants. En toute finale quelques notes salines apparaissent, complexifiant encore d’avantage ce rhum de grande tenue.
Doorly’s 14 ans Fûts de Bourbon du Kentuky + Madère 48%
Nouvel entrant de la gamme Doorly’s, ce 14 ans a bénéficié d’un double vieillissement en fûts de bourbon et en fûts de Madère qui lui ont arrondi les angles mais pas le caractère. Il en résulte un rhum riche et fuité.
Nez : tout entier dirigé sur les fruits tropicaux, il se recentre autour de la goyave et de la papaye mûre. Quelques pommes cuites également, le tout enrobé dans un caramel onctueux.
Bouche : ample et suave, elle évolue sur les fruits du verger (quetsche, prune, pêche de vigne) qui apportent richesse, douceur et unicité à l’ensemble.
Finale : Longue. Elle restitue avec force les arômes marqués du madère (miel, reine-claude, mangue, zeste d’orange) et du vin de cerise. A chaque étape de la dégustation l’harmonie offerte est palpable, guidée par une trame aromatique au fruité intense.
Last Ward 2009 Habitation Velier [IB] Mount Gay Triple Distillation, Fûts de Bourbon 59%
Distillé par Mount Gay et embouteillé par Habitation Velier, ce rhum de mélasse a subi une triple distillation et une maturation de 9 ans en fûts de bourbon. Hommage à Frank Ward, dernier propriétaire de la distillerie avant son rachat par Rémi Cointreau.
Nez : riche et aérien. Débute d’emblée sur un boisé fin (palissandre, bois de rose) dont s’extraient de notes de tamarin, et de cerise noire. Progressivement, il se poursuit sur la réglisse douce, et une vanille légère.
Bouche : très affirmée, sur la réglisse forte, les fruits au sirop, la fève de tonka et l’herbe fraîchement coupée. L’adjonction de quelques gouttes d’eau lui apporte un caractère plus gras, sans toutefois modifier sa structure aromatique.
Finale : longue et concentrée sur une ossature mentholée, elle exprime d’abord toute sa fraîcheur herbacée. En arrière plan, apparaissent des notes de cacao, de grain de café torréfié et d’olive noire en toute fin. La finale est joliment tannique mais assez unidimensionnelle.
Mhoba, Strand 101, Ambré – 58%
Robert Greaves est catégorique au sujet du Strand 101 : c’est le désherbage par le feu des champs qui, en venant lécher les cannes, provoque la « caramélisation sur pied »
qu’on retrouve en bouche. Comme toujours chez Mohba les cannes sont 100% locales, la distillation se fait en pot still en cuivre, et les vieillissements sont courts.
Le nez est ici conduit par les arômes fermentaires, tendance high esters jamaïcains : ananas mûr et frais, papaye très mûre, maracuja. Des notes plus végétales d’eucalyptus apparaissent également.
La bouche se tapisse parfaitement, toujours envahie par les esters, les fruits tropicaux (goyave, carambole) et la crème à la vanille.
Une très belle finale, longue, équilibrée et marquée par l’eau de vie de mirabelle, la fleur de canne et de belles épices (macis, poivre long et clou de girofle).
O Reizinho – Rhum Agricole Blanc – Madeira 50°
Nez : Expressif, tout en fraîcheur sur le jus de canne frais le kumquat et le sureau rouge. Il nous renvoie vers les champs canniers qui se gorgent de soleil après la pluie.
Bouche : grasse et veloutée. Fruit de la passion, citron givré, yaourt bulgare. La texture est soyeuse, elle développe son élégance durant toute la dégustation offrant peut-être le plus magnifique touché de bouche qui soit donné de trouver sur le marché. Le physalis et un joli poivre blanc affleurent en toute fin. La sensation est assez magique.
Finale : fraîche, délicate et végétale, elle est d’une texture et d’une longueur remarquables. Les agrumes et le lait d’amande confèrent une belle tonicité, rehaussés par les galets de plage. La trame se fait ronde, le végétal frais et la persistance impressionnante.
Dillon Rhum Vieux Hors D’âge 2003/2019, 43% – Single Cask 901
Edition spéciale 240ème anniversaire Fût de chêne français Single Cask 901
Nez : Le style boisé-fruité est une véritable signature de la distillerie Dillon. Il s’agit moins de la perception olfactive d’esters de fermentation (ces congénères qui varient selon les variétés de levure et donnent ces arômes caractéristiques de fruit) mais de l’interaction de ces composés organiques avec le bois.
La perception aromatique n’est donc pas celle, caractéristique dans le rhum, du vernis de fermentation mais des notes de bibliothèque, de pâte à colle que complètent agréablement les fruits séchés (datte, figue, pruneau). Le tabac blond donne également de la structure, elle-même allégée par une très discrète acidité volatile.
Bouche : Puissante, il s’agit d’une version superlative du Dillon Grenadier XO : sur la noisette et un fin boisé (palissandre), la muscade, le macis et un léger vernis à ongle, le tout exerçant un amorti et une pesanteur agréable en bouche. Ici le bois est distingué, presque spécial, laissant transparaître la canne à sucre qui se dessine en arrière-plan. Il n’y a que la Martinique capable de produire ce type d’arôme : au-delà du pâtissier végétal il y a un côté animal-musqué-cuir très attrayant, complété d’une manière de rancio martiniquais qui offre un réel effet en bouche.
Finale : Longue, sur le praliné et le moka, elle devient plus minérale en rétro-olfaction.