Du nouveau du côté de la transparence, du contrôle et de la défense des origines des rhums, un sujet qui préoccupe bon nombre d’amateurs et de professionnels à l’heure actuelle. Il est vrai que les Français sont le fer de lance du mouvement des appellations et de leur défense dans le monde, tous nos rhums sont bien codifiés et protégés depuis 2015, et ce modèle a séduit d’autres pays, latins notamment.
En ce qui concerne le rhum, le Guatemala a mis en place également une Indication Géographique pour son rhum, reconnue par l’UE. Cuba également mais sans demande de reconnaissance, tout comme la fameuse DOC Venezuela. Voilà pour un premier bilan mais cela semble s’accélérer puisque l’UE finance des projets pour des IG caribéennes depuis quelques mois, et donc les candidats pour leur mise en place puis leur reconnaissance devraient se multiplier… jusque dans les anciennes colonies britanniques, dont la culture législative n’est pas encore acclimatée à ce système de protection, préférant la défense des marques.
Or l’AOC ou l’IG est en quelque sorte une marque collective. Les Jamaïcains en ont profité les premiers pour mettre en place l’IG Jamaican jerk : une association de producteurs de toutes tailles s’est mise en place pour ensuite rédiger son cahier des charges, notamment l’emploi de poivre de la Jamaïque et de thym locaux. Le rhum de Jamaïque a suivi garantissant l’emploi de matières premières exclusivement locales… on sait leur grande tradition et leur ancienne codification du rhum, notamment l’exclusion de l’édulcoration : mais elle n’est pas encore reconnue par l’UE, donc les rhums jamaïcains commercialisés chez nous peuvent encore l’être mais pour combien de temps ?
Également, le Guyana a réussi à enregistrer son sucre, sa mélasse et son rhum en IG, le sucre Demerara n’est plus seulement une technique mais également une origine et le rhum Demerara est aujourd’hui une exclusivité dans la production de la distillerie Diamond : les rhums XM qui intègrent des rhums importés ne peuvent plus faire figurer la mention traditionnelle Demerara rum ! Le dossier de la Barbade pourrait suivre et entraîner presque toutes les nations de la Caraïbe à sa suite.
Une bonne chose pour ceux qui, comme nous, considèrent que les rhums d’origine méritent d’être protégés collectivement par les producteurs et les autorités comme peuvent l’être le cognac, les vins de Bordeaux ou le champagne, pour mieux défendre les typicités de chacun et apporter plus de transparence aux consommateurs qui sont prêts à payer plus chers pour des produits authentiques et garantis !
Rumporter – Edition Avril 2018
Prix : 8€ + Transport
– Focus distillerie : Worthy Park
– Homo Saccharum : Margaret Monplaisir
– Dossier : les autres français du rhum
– Officines : La scène bruxelloise