Le Sodabi, un spiritueux issu de la distillation du vin de palme, est le spiritueux local et iconique de l’Afrique de l’Ouest. Deux Béninois, Georges Goito et Fadel Zika, ont entrepris de le moderniser et de le premiumiser. Avec en ligne de mire le marché français, et même l’Europe. Rencontre avec Georges Goito.

Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Georges Goito, je suis le cofondateur de Dahomey’s Spirits où on produit des spiritueux, le sodabi au Bénin. Avec mon associé Fadel Zika, on a commencé l’aventure il y a 3 ans, on a créé une distillerie artisanale à Cotonou et une marque : Dabisso.
Rappelez-nous ce qu’est le sodabi ?
Le sodabi est une eau-de-vie profondément enracinée dans les traditions séculaires du Bénin. C’est un spiritueux distillé à partir de ce que l’on appelle «le vin de palme» qui est la fermentation naturelle de la sève de palmier.
Nous sommes tous les deux béninois, donc on a grandi avec le sodabi. Moi j’ai passé mon enfance en France, où l’on ne produit pas ce spiritueux et où on le trouvait difficilement. C’est quelque chose qu’on voyait dans les placards des parents. C’étaient des spiritueux qui étaient mélangés avec des plantes des épices, des choses comme ça, des bouteilles de sodabi artisanal qui étaient rapportées des voyages.
On ne trouvait pas de sodabi dans les magasins en France à l’époque ?
Non, et d’ailleurs c’est toujours le cas, à part notre marque, le sodabi n’est pas distribué en France. Toujours est-il qu’avec Fadel, on a voulu revisiter et rendre hommage à ces sodabis artisanaux, mais en les adaptant.

Comment
Par exemple, le sodabi a la particularité d’être assez costaud, c’est-à-dire qu’il sort à 70 %. Il est assez volumineux en bouche et a une amertume qui est assez prononcée. Donc, on a fait en sorte de gommer ce côté âpre. On a pris le parti de le raffiner avec une triple distillation et de l’aromatiser d’épices et de fruits selon les recettes.
Ça ressemble un petit peu au rhum arrangé de chez nous ?
Oui, c’est du sodabi arrangé, on va dire! Le vin de palme, c’est la boisson alcoolisée commune à l’Afrique. Ça remonte à loin! C’est toute cette histoire qu’on voulait mettre en avant à travers cette aventure.
Pourtant, malgré cette histoire et cette culture qui l’entoure en Afrique, le sodabi reste peu connu en Europe. C’est un peu comme le rhum dans les Drom’s. C’est la même qualité, la même fierté du produit. Les pays de l’Est ont la vodka, le Brésil la cachaça. Nous, c’est le sodabi. Il s’agit du spiritueux africain. Nous voulons le faire découvrir sur la scène internationale.

Comment votre sodabi est-il produit ?
Les palmiers sont locaux, ça nous permet donc de faire travailler des planteurs béninois. C’est important pour nous. Nous utilisons un alambic à repasse en cuivre de 200 litres pour la distillation.
On sépare la tête et les queues et on garde uniquement le cœur. On fait de la triple distillation. C’est entièrement réalisé avec des produits naturels, sans aucun intrant chimique, c’est encore plus fort que le bio! Il n’y a pas de colorant.
Pour nous, le produire au Bénin, c’était un moyen aussi de Gardez vraiment la recette ancestrale et d’avoir les ingrédients locaux qui donnent toute cette saveur.
Parlez-nous du mariage entre les plantes et le spiritueux ?
Nos spiritueux sont élaborés selon des méthodes traditionnelles et artisanales, alliant savoir-faire ancestral et innovation. Le principe de notre triple distillation consiste à porter à ébullition l’alcool de palme préalablement distillé en présence de plantes, telles que le gingembre, le clou de girofle, le citronnier, etc., qui libèrent leurs huiles essentielles et leurs principes actifs.
Les vapeurs d’alcool chargées de ces principes actifs sont ensuite condensées pour obtenir un liquide limpide et parfumé. Les plantes que nous utilisons sont connues pour leurs propriétés médicinales et leurs bienfaits pour le bien-être.

Est-ce qu’il y a du vieillissement ?
On fait un élevage en fûts depuis un an et demi, parce que c’est une demande fréquente des clients, mais on a essayé d’être originaux. On utilise des fûts africains fabriqués à partir de bambou !
Pouvez-vous nous présenter votre gamme ?
Nous avons une gamme de 4 références, une liqueur et 3 spiritueux tous médaillés en France. Dabisso Genesiss qui est notre première création, est une liqueur à 42 % aromatisée de cannelle, menthe poivrée, clou de girofle et d’anis. Il est médaillé d’argent au concours international de Lyon world’s best spirits 2023.
Dabisso Boss qui est notre deuxième création, est un spiritueux à 42 %, aromatisé de gingembre, menthe verte, clou de girofle et de citron. Il est médaillé d’or au concours international de Lyon world’s best spirits 2024. Dabisso Ifé qui est notre troisième création, est un spiritueux à 42 %, élaboré avec des racines aphrodisiaques, aromatisé de garcinia Kola, de citronnelle, de cannelle et de clou de girofle.
Il est médaillé d’or 2025 au Paris International Trophy. Dabisso Nobless qui est notre dernière création, est un spiritueux à 52 % aromatisé de dattes, de menthe verte, de citronnelle et de cannelle. Il est médaillé d’argent 2025 au Paris International Trophy.
Comment consomme-t-on le sodabi au Bénin et à quels moments de la journée ?
Le sodabi est un spiritueux qui se consomme aussi bien en digestif qu’en apéritif au déjeuner comme au dîner. Traditionnellement il est servi pour accueillir au Bénin. Dabisso est un spiritueux qui se consomme en soirée, soit en cocktails, soit pur. Il se sert frais, et révèle ainsi toute sa complexité et ses saveurs.

Existe-t-il d’autres spiritueux 100 % béninois ?
Parmi les spiritueux béninois élaborés avec le sodabi, il y a des marques comme : Tambour, King of Soto, Jean d’Afrique avec qui nous partageons le marché local. La première exporte principalement aux États-Unis et nous en France.
Fort d’un engouement, le marché voit émerger pas mal de distilleries artisanales. En termes d’innovation nous sommes les seuls à pousser les procédés de fabrication aussi loin avec l’élevage et la triple distillation.
Où peut-on trouver vos produits ?
Au Bénin nous sommes actuellement dans la plupart des supermarchés, et bars branchés de Cotonou. Nous sommes également en vente au Duty free Keyla Lagardère à l’aéroport. Nous avons commencé l’importation en France en janvier via la filiale Dabisso spirits créée en 2024 et commencé le développement du produit.
Nous sommes situés à Vaux-le-Pénil dans le 77. Nos spiritueux sont disponibles via notre site internet www.Dabissospirits.com et nous faisons connaître la marque lors de festivals, salons du spiritueux ou de l’entrepreneuriat.
Nous travaillons également avec des chefs traiteurs et quelques restaurants africains à Paris, comme le restaurant Mosuke du chef étoilé Mory Sacko, le restaurant béninois Vidji, Ô18 ou encore le restaurant Homë à Montmartre.
Nous ciblons les magasins spécialisés, les cavistes, les épiceries fines, comme le bon marché ou Epic avec lesquelles nous sommes en pourparlers. Nous sommes également à la recherche de distributeurs pour faire connaître le produit comme il se doit.