Malgré le Brexit, les rhums des Caraïbes (en tous cas les membres du Wirspa qui s’appuie sur la Caricom*) continueront d’être protégés contre la concurrence déloyale des rhums bon marché subventionnés entrant sur le marché britannique en provenance d’autres pays.
On le sait assez peu mais les rhums des Dom Tom ne sont pas les seuls à bénéficier de protections sous forme douanière. Sans parler du reversement énorme pratiqués par les Etats-Unis aux rhums des îles vierges et de Porto Rico (bénéficiant principalement à Bacardi pour la marque éponyme et Diageo pour Captain Morgan), sans parler des protections longtemps accordées aux productions de sucre d’autres mécanisme permettent aux rhums de la Caricom (Wirspa) d’exister sur un marché des premiers prix ultra concurrentiel.
Or, le Brexit faisait planer un doute et une certaines peur coulait le long de l’échine des
rhums Jamaïcain et Barbadiens notamment pour qui la Grande Bretagne est un marché historique et important. Or fin mai, le Royaume-Uni a publié son nouveau tarif mondial contenant la liste des droits à l’importation qui seront mis en œuvre une fois que le Royaume-Uni quittera l’UE. À la suite d’un effort concerté de l’industrie du rhum de la région , CARICOM et CARIFORUM, le Royaume-Uni a maintenu le « Résidual Tariff » sur le rhum.
Komal Samaroo, président de WIRSPA et du guyanais Demerara Distillers a expliqué, soulagé: que « cette mesure de protection vitale mise en place par l’Europe il y a une vingtaine d’années a fait suite à un lobbying intense de la part des producteurs WIRSPA, en collaboration avec nos homologues des départements français de la Martinique et de la Guadeloupe. Son maintien contribue en partie à uniformiser les règles du jeu pour nos producteurs. »
Selon WIRSPA, le tarif de protection a été mis en place pour protéger les producteurs de rhum des Caraïbes des produits à bas prix originaires des pays, qui accordent des subventions importantes à leurs producteurs locaux de sucre et de rhum. Avant l’établissement du tarif, des études avaient indiqué que plus de 85% de la production mondiale d’alcool était subventionnée d’une manière ou d’une autre.
Clement Lawrence, chef de la Jamaïque Rum Industry et président de Wray & Nephew, quant à lui déclaré: « Le tarif continue d’offrir aux producteurs jamaïcains de rhums high esters vendus en vrac, une protection précieuse sur le marché. Cela a joué un rôle non négligeable dans le soutien de la croissance du rhum jamaïcain sur les marchés étrangers et son absence entraînerait une diminution de la part de la région sur le marché de l’UE. »
Selon Vaughn Renwick, directeur du WIRSPA, bien qu’il s’agisse d’un résultat très positif pour l’industrie, la route à suivre est encore incertaine, «nous espérons que le Royaume-Uni et l’UE seront en mesure de convenir d’un accord commercial qui permettra à nos produits de traverser l’Europe sans bureaucratie et coûts supplémentaires. À l’avenir, nous continuerons également de travailler avec les gouvernements pour veiller à ce que cet arrangement demeure et à ce que des protections limitées ne soient pas échangées lors des futures négociations
*La Caricom est une organisation regroupant une quinzaine de pays des Caraïbes et des Amériques dont le but est de promouvoir collectivement une économie intégrée dans la région. Ces membres permanents sont Antigua et Barbuda, les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, Grenade, le Guyana, Haiti, la Jamaïque, Montserrat, Saint Kitt et Nevis, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, le Surinam, Trinité et Tobago.