Interview – Mido Ahmed Yahi, Directeur de la stratégie et de l’advocacy chez Sweet & Chilli

Le créateur du Café Moderne à Paris dirige l’antenne parisienne de la célèbre agence créative internationale qui a attiré une liste prestigieuse de clients, y compris des marques à portée mondiale telles que Red Bull, Johnnie Walker, Bacardi et Tanqueray…

Mido Ahmed Yahi

Peux-tu nous rappeler ton parcours ?

Après un bac en comptabilité, j’ai créé ma première société dans l’évènementiel et le milieu de la nuit à 19 ans. Ensuite je suis parti vivre aux USA, ou j’ai notamment travaillé dans un restaurant-bar à cocktails à Brooklyn. J’y ai découvert que les méthodes de consommation des spiritueux et des cocktails étaient très différentes là- bas.

Plus pointues. Là-bas, je me suis renseigné et me suis perfectionné dans l’art de créer des cocktails et je suis devenu barman. Finalement j’ai tout lâché pour revenir en France. Je devais ouvrir mon propre restaurant à Brooklyn, mais finalement c’est à Paris que je l’ai fait en 2012, avec ma femme. Et c’est devenu le Café moderne en 2012. Ensuite, je me suis lancé dans la compétition de cocktails et j’en ai gagné pas mal !

Peux-tu nous présenter Sweet & Chilli ?

C’est une agence créative de renommée mondiale, qui travaille sur les boissons alcoolisées et softs. La particularité c’est que nous avons des bureaux partout dans le monde : Londres, New York, Sydney, Los Angeles, Sao Paulo et désormais Paris… On travaille avec des marques qui ont un déploiement international, mais aussi des marques plus locales sur des stratégies de communication, d’activation.

Notre force c’est de ne pas appliquer la même recette dans chaque pays et pour chaque marque. On personnalise nos conseils et nos stratégies. Chaque marché est différent. Notre priorité à Paris est d’accompagner nos clients avec une offre de services en stratégie commerciale et en promotion de marque.

Avec une équipe mondiale de 90 experts en spiritueux, nous combinons une expertise approfondie de l’industrie avec une excellence créative capable d’offrir des stratégies percutantes qui résonnent à l’échelle locale et globale.

Justement quelles sont les particularités du marché français ?

La loi Evin, qui est restrictive en termes de marketing et de communication, rend les choses plus compliquées, en tout cas, différentes. Mais on est capables de s’adapter à ce marché tout en restant dans le cadre de la loi. On a plus tendance à travailler sur le fond. On ne peut pas adapter des stratégies qui se déploient ailleurs à l’international sur le marché français, il faut une approche spécifique.

Et au niveau des méthodes de consommation ?

Encore une fois tous les marchés sont différents. Par exemple, en Grande- Bretagne, il y a la tradition de l’afterwork, ou c’est normal d’aller boire avec des collègues. En France c’est plus l’apéro entre amis.

Les Français sont désormais des consommateurs éduqués aux cocktails. Ça s’est démocratisé grâce au gros travail d’explication mené par les bartenders notamment. Ces derniers justement, sont désormais capables de parler des produits et de leurs méthodes de production… Ce sont les meilleurs ambassadeurs des marques.

Que conseillerais-tu à une marque de rhum ?

Il faut avoir une bonne stratégie, et penser à quel moment phare elle va être consommée, à quelle génération elle s’adresse, quelle clientèle elle vise, est-ce une consommation en cocktail ou en dégustation? D’ailleurs, de plus en plus de marques réduisent leur degré d’alcool pour pouvoir être consommées à l’apéro plutôt qu’en digestif.

Souvent les équipes marketing veulent déployer directement les marques chez les cavistes ou la GMS, alors qu’il vaut mieux commencer par le on trade, et recruter des ambassadeurs avec les barmen. Puis passer à l’off trade. On fait des activations, on crée de beaux cocktails, des collaborations. Comme le défilé Victoria Beckham pour la Fashion Week de Paris avec Don Julio.