Depuis 1989, il n’existe plus que cette seule distillerie sur le territoire guyanais, et son propriétaire, Ernest Prévot, se bat pour faire reconnaître les spécificités de ses rhums. Après une importante modernisation de l’outil de production et le doublement de son contingent à l’exportation, l’avenir semble plus prometteur que jamais pour Saint-Maurice, après bien des décennies difficiles.
Recouverte par la forêt amazonienne qui représente 98 % de sa surface, la Guyane bénéficie certes d’un climat équatorial favorable à la culture de la canne, mais le développement de la canne à sucre et du rhum y a été à plusieurs reprises contrarié, voire menacé, par différents facteurs, le plus important étant le manque de main d’œuvre chronique depuis les débuts de la colonisation. Au plus fort de l’apogée du rhum guyanais, dans l’entre-deux-guerres, il y avait jusqu’à une trentaine de distilleries, certes souvent de petite taille, et produisant uniquement pour le marché local.
La seule existante aujourd’hui, sur le site de Saint-Maurice, est situé à Saint-Laurent-du-Maroni, à la frontière du Suriname, mais ne date que de 1981. Elle produit à l’heure actuelle environ 5 000 hl d’alcool pur, après d’importants travaux de modernisation en 2015, destinés à accroître une productivité jusque-là bien plus faible qu’aux Antilles. Mais son histoire est bien plus ancienne, car marquée par la famille Prévot, qui a fêté en 2017 le centenaire de ses activités dans le rhum.
Esclaves, bagnards et Haïtiens
En 1652, la Compagnie de la France Equinoxiale (dénomination à l’époque de la Guyane) inscrit dans ses objectifs la production de sucre sur le territoire où les premières installations françaises remontaient à 1503. Ce sont des Hollandais, juifs pour la plupart, qui ont créé les premières sucreries artisanales équipées de moulins à vent et où était également élaboré du tafia, eau-de-vie artisanale distillée à partir des mélasses et autres résidus de la production du sucre.
RUMPORTER
Édition avril 2019
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