Aux alentours d’Agustín Codazzi, une petite ville située au Nord-Est de la Colombie, se trouve une ancienne distillerie plus ou moins… Enigmatique. Enigmatique car je n’ai pu avoir d’autres infos que le fait qu’elle distillait du rhum ! Ni marque, ni propriétaire, ni adresse exacte, ni date de fermeture. Toujours est-il que depuis l’année dernière, une fois par an, la distillerie reprend vie et surtout des couleurs…
Soutenu par la fondation Dictador Art Masters (du même nom que la marque de rhum), le projet intitulé #ArtDistilled mérite à mon sens un article sur Rumporter. Je ne vais donc pas vous parler de rhum ici (surtout de Dictador…) par contre il devient clairement un prétexte et un support ! Non seulement parce que c’est insolite mais aussi parce que le concept a deux missions principales.
La première ? Transformer les murs, cuves de fermentation et de stockage, colonnes et autres équipements industriels en une véritable galerie de street (jungle ?) art à ciel ouvert. « Ce qui était autrefois un bâtiment abandonné devient un laboratoire d’art qui distille une pure créativité. Un espace autrefois purement fonctionnel devient un lieu de beauté ! Ici, les seules limites sont l’imagination d’un artiste. Il y a un style imperceptible dans les ruines industrielles, surtout quand elles sont perdues dans une jungle sauvage », s’exprime Mariusz Waras a.k.a. M-City, street artist reconnu mondialement et conservateur de la fondation.
Le second objectif, et peut-être le plus important, c’est de sauvegarder la zone… En effet, l’ancienne distillerie est perdue entre les forêts tropicales des chaînes de montagnes de Perijá et celles de la Sierra Nevada de Santa Marta. Cette région abrite plusieurs écosystèmes vulnérables et un nombre impressionnant d’espèces endémiques et menacées, les plus rares et les plus importantes de toute l’Amérique du Sud, allant du mythique jaguar au colibri delphinae en passant par des centaines d’orchidées et autres insectes ou grenouilles…
« Pour cette raison, le projet #ArtDistilled possède également une dimension caritative. Une fois la collection terminée, chaque artiste fera don d’une de ses « toiles » à la Dictador Art Masters et celles-ci feront un tour du monde via diverses expositions. En plus de faire la promotion de cet espace de liberté d’expression unique en son genre, l’objectif final est une vente aux enchères en faveur de la protection de la biodiversité colombienne », conclu Maciej Frej, chef du projet.
A la première édition qui s’est déroulée en Mai 2018, deux anglais (Ben Eine et D*Face), trois colombiens (Toxicómano, Stinkfish et Erre) ainsi que trois polonais (le duo Monstfur et M-City) ont initiés les premiers graffitis. Les œuvres sont principalement des fresques et des personnages en pochoirs avec quelques pièces et très peu de block letters.
La deuxième session a eu lieu en Janvier de cette année et a réunie 13 artistes de 10 pays différents : Gleo, Chicadania, Toxicómano et Erre (Colombie), Cranio (Brésil), Nychos et Shue77 (Autriche), Faith XLVII (Afrique du Sud), Daleast (Chine), TomBobNYC (USA), PixelPancho (Italie), MadC1 (Allemagne), Pez (Espagne) ! Un bon gros melting pot de blazes bien connus pour celles et ceux qui s’intéressent à la street culture.
Le spot est assez confidentiel et même privé, car il ne se visite malheureusement pas pour le moment. Serait-ce d’ailleurs un des sites mystères dont Cyril Weglarz aborde dans son article concernant les rhums Dictador ? Il y a des ressemblances sur certaines photos mais… No sé !
En attendant le 3ème rendez-vous et la suite de l’aventure, vous pouvez toujours checker le profil Instagram du projet qui est régulièrement mis à jour. #ArtDistilled possède également une chaine YouTube où sont visibles quelques vidéos montrant l’ampleur et la philosophie des painterz qui participent à ce musée d’art urbain plutôt hors du commun, et ça à l’air plutôt chouette !
#ArtDistilled
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