Guyane : le renouveau de la distillerie Saint-Maurice

Interview de Grégoire Gueden, Directeur des Activités Spiritueux de GBH.

Distillerie Saint-Maurice

La distillerie de Saint-Maurice a été rachetée il y a un an, quels ont été les investissements et changements opérés depuis ?

Il y a en effet tout juste un an, GBH a repris la distillerie guyanaise Saint-Maurice (et ses marques emblématiques La Belle Cabresse et la Cayennaise) qui a plus d’un siècle d’existence (1917). Nous avons de grandes ambitions pour cette entreprise et ses marques. Au cours de l’année qui vient de s’écouler, nous avons mis en œuvre un important plan de rénovation et de mise à niveau des différentes installations industrielles (réfection des bassins de traitement des vinasses, démontage complet des colonnes à distiller, réfection de la chaudière et des moulins, filière de traitement de la bagasse).

Nous avons également procédé à une grande opération d’embellissement du site (nettoyage, peinture, végétalisation…). Les équipes locales conduites par Ludovic Jacob (formé à la distillerie JM) et son adjointe Florence Marmot ont accompli un travail remarquable qui s’inscrit dans la nouvelle dynamique que nous souhaitons impulser. Nous avons aussi inauguré il y a à peine 2 mois un magnifique espace de vente et de dégustation de rhum au sein de la distillerie. Nous croyons résolument aux vertus du spiritourisme !

On ne trouve plus de produits La Belle Cabresse en métropole, pourquoi ?

Pas de cannes… pas de rhum ! Nous avons hélas hérité d’une situation compliquée, car la distillerie manque actuellement cruellement de canne à sucre. Cette situation passagère est la résultante de différentes causes : une météo défavorable lors des dernières récoltes (pluies abondantes), des campagnes de production trop longues conduisant à récolter contre saison, des baisses de rendements…

Nous avons d’ores et déjà commencé à redévelopper l’agriculture dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. L’impérieuse nécessité d’augmenter notre production de rhum pour faire face à la demande croissante engendre un besoin naturel de plus de canne à sucre. Nous travaillons sur ce sujet crucial avec nos partenaires planteurs indépendants que nous essayons de fédérer et d’accompagner au mieux.

Nous sommes d’ailleurs nous-mêmes devenus planteurs de canne à sucre en Guyane en faisant récemment l’acquisition de 200 hectares de terres agricoles situées au Plateau des Mines à 20 minutes de la rhumerie. Ces surfaces agricoles seront intégralement plantées d’ici 3 ans.

Distillerie Saint-Maurice

Quel est le rôle d’Ernest Prévot au sein de la distillerie ?

Ernest Prevot a consacré une grande partie de sa vie au développement de cette belle entreprise dont les racines remontent à 1917. Il y a quasiment un an jour pour jour, il nous confiait les clefs de « la maison » en nous faisant promettre de bien nous en occuper, de la préserver et de la faire grandir en écrivant la suite de l’histoire qu’il a initiée.

C’est ce que nous essayons de faire en nous inscrivant dans ses traces. Son nom et son image sont intimement liés à la rhumerie. Il reste donc présent à nos côtés et nous accompagne dans chaque décision importante.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Honorer les commandes sur le marché local, relancer la marque en métropole et engager une démarche export plus poussée. Dès que la production sera suffisante, nous allons également intensifier les mises en vieillissement afin de pouvoir offrir de nouvelles références de rhum vieux. Pour le moment nous lançons ce mois-ci un rhum vieux La Cayennaise de 16 ans d’âge en édition (très très) limitée (545 bouteilles).

Nous avons aussi lancé 2 éditions imitées de rhum blanc Belle Cabresse qi ont rencontré un véritable succès. L’une venait célébrer le Carnaval alors que la seconde est venue rendre hommage aux 60 ans de la conquête spatiale européenne depuis le sol guyanais. Nous avons enfin un projet « Les punchs de la Belle Cabresse » qui devrait voir le jour très prochainement.