Le Rhum au XVIIIe siècle : de l’Édit royal de 1713 interdisant le tafia à ses assouplissements et contournements

Le XVIIIe siècle est un siècle très court pour le tafia. Il s’étend de l’Édit du 24 janvier 1713 à la Révolution française. Son histoire, une fois passée le temps des pionniers, se trouve être de plus en plus liée aux conflits géopolitiques et aux exigences de la Métropole. Le système économique des colonies françaises est celui du Pacte Colonial établit, selon les théories mercantilistes, par Colbert en 1675.

Histoire du rhum

Ce régime, élaboré afin de réserver au Royaume de France les marchandises produites dans les colonies, est adapté au fil des années par Louis XV et Louis XVI. Les lettres de Patentes d’Avril 1717 et d’Octobre 1727 établissent le Régime de l’Exclusif qui est une évolution du système précédent. Dans l’Encyclopédie en 1751, à la définition de « Colonie » on peut lire ceci : « Si la colonie entretient un commerce avec les étrangers ou si l’on y consomme les marchandises étrangères, le montant de ce commerce est vol fait à la métropole ».

L’Exclusif interdit aux colonies de commercer avec les puissances environnantes. Le tafia du XVIIIe siècle est soumis à un régime encore plus strict puisque, depuis l’Édit du 24 janvier 1713, son commerce avec la Métropole est interdit. Cet Édit stipule : “le commerce des eaux-de-vie de mélasses ou sirops de sucre, bière, cidre, poiré, hydromel, grains, marcs de raisins, lie et baissière de vin est défendu à peine de confiscation et de 3000 livres d’amende, exceptions portées par la déclaration pour la Normandie et partie de la Bretagne”.

Concrètement, la production et le commerce de tafia est interdit en Métropole. L’objectif est de protéger principalement les eaux-de-vie de vin comme le cognac produites sur le territoire et déjà largement exportées (et fortement taxées), et accessoirement les eaux-de-vie de cidre. Dans les colonies, la décennie 1700-1710 est marquée par une volonté de restreindre la consommation d’eau-de-vie de canne. Cette dynamique, propre au tafia qui est accusé de causer du désordre, se poursuit dans les décennies suivantes. La production de sucre et de mélasse augmente fortement. 

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