Covid-19 : Interview de Samuel Pitarch de la distillerie Savanna

Note de la rédaction  : Une interview unique a été envoyée aux trois distilleries les plus importantes de l’île. Les questions portent à la fois sur les conditions de la production ainsi que sur l’impact du Coronavirus sur les types d’alcools distillés. Voici les réponses que nous avons reçues de la Distillerie Savanna. Interview réalisée le 01/04/2020

distillerie Savanna

Rumporter  : Bonjour et merci de nous accorder cette courte interview durant cette période difficile. L’idée est de comprendre le fonctionnement de votre distillerie face à l’épidémie. Actuellement toutes les régions du Monde sont frappées à divers degrés par l’épidémie du Covid 19 (Coronavirus). Quelle est actuellement la situation dans votre région ?

La Réunion est confinée au même titre que la métropole, l’épidémie s’y est fait ressentir plus tard, et à date nous comptons 247 cas avérés, mais aucun décès (Itv effectuée le 1er avril). L’économie est assez touchée, et il en est de même des habitudes des réunionnais qui vivent à l’extérieur et pratiquent de nombreuses activités de pleine nature, climat oblige

R : Nous souhaitons savoir concrètement comment vous vous êtes organisés sur le site de production. Quels métiers sont en télétravail, au chômage partiel ou nécessitent une présence physique ?

Sur la Distillerie de Savanna les personnels sont toujours présents, seule la petite équipe affectée au commerce et à la promotion opère en télétravail. Bien entendu nous avons adopté les gestes barrière, et mis à disposition l’ensemble des protections disponibles afin que chacun puisse travailler dans la plus grande sécurité et sérénité.

En effet nous distillons hors campagne cette année sur mars et avril du rhum Grand Arôme, et la fermentation longue de ce rhum ainsi que sa distillation requièrent une attention de tous les instants. Nous travaillons aussi actuellement dur au chai pour choisir et vider les futs de nos prochaines cuvées, singles casks mais aussi quelques surprises prévues pour les 150 ans de la distillerie cette année  ! Enfin nous avons dédié une antenne spécifique pour recevoir et approvisionner les pharmaciens, hôpitaux et administrations en alcool à hauts degrés. Autant dire que notre activité est plutôt forte actuellement  ! Par contre nous avons dû fermer au public notre emblématique boutique Tafia et Galabé et les visites de la distillerie.

Je tiens à tirer mon chapeau à l’ensemble de notre équipe qui a su se mobiliser et faire preuve d’une grande compréhension afin de permettre la poursuite de l’activité.

R : Quelles conséquences implique la crise sur votre propre production de rhum ? Les approvisionnements en mélasse sont-ils perturbés ?

Actuellement non, mais par contre nous prévoyons une interruption en avril de la vapeur et donc de l’énergie pourvue par la centrale thermique attenante à la sucrerie

R : Récemment le préfet de la Réunion vous a sollicité pour obtenir de l’alcool à haut degré afin de fabriquer du gel hydroalcoolique. Des tests concluants de fabrication ont eu lieu à la Réunion.  Comment va se déroule désormais la production ? A quel degré est distillé l’alcool fourni ? A qui devez-vous concrètement livrer cet alcool ?

Nous ne sommes pas en mesure de produire du gel chez Savanna, mais nous produisons non seulement de l’alcool pharmaceutique classique mais également une variété de rhum léger à 96° dont toutes les propriétés sont compatibles avec la pharmacopée. C’est la mise à disposition de ce dernier qui est actuellement privilégiée. Le groupe Réunionnaise du Rhum qui est à la tête de la distillerie a décidé très vite d’affecter des stocks à cet effet. Nous venons de débloquer 20.000 litres de cette variété de rhum.

R : S’agit-il d’un achat de la part de l’état ? Qui en fixe le prix ?

Non l’Etat n’achète pas à Savanna, ce sont directement les professionnels qui s’approvisionnent. Les prix sont libres, mais dans notre cas lorsque l’alcool est facturé le prix demeure identiques à nos pratiques habituelles

R : Selon vous, pendant combien de temps pourrez-vous produire cet alcool ?

Nous pouvons en produire indéfiniment, tant qu’il y a de la mélasse. Et nous avons bien entendu également du stock. Ce qui se joue plutôt ce sont les choix à opérer entre la production de ce rhum léger et nos autres productions attendues par nos clients et notre chai. Mais actuellement nous faisons face sereinement.

R : Est-il imaginable que vous fournissiez en alcool, dans quelques semaines peut-être, les îles voisines confrontées à l’épidémie ?

Oui, en fonction des stocks en présence et des demandes à venir. Pour l’instant nous sommes focus sur la mise à disposition pour notre île car les besoins à la Réunion sont vraiment conséquents et ne cessent de croitre.

 


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